Jeudi 18 décembre 2008, à 21h30
Cinéma d’Attac à l’Arenberg
Jeudi 18 décembre
21 heures 30
à l’Arenberg
le Cinéma d’Attac présente
un reportage exceptionnel
TAXI POUR L’ENFER
d’Alex Gibney
Comment, après le 11 septembre,
les Etats-Unis en sont-ils venus à justifier
le recours systématique à la torture… ?
Dès 20 heures 30
LE GRAND DEBAT
« Antiterrorisme US : l’ennemi nécessaire
et l’état d’exception permanent… »
avec le sociologue Jean-Claude Paye,
Auteur de La fin de l’Etat de droit (éditions La Dispute)
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LA BARBARIE À VISAGE HUMAIN
Afghanistan. Décembre 2002, Muhamad Dilawar –un chauffeur de taxi– prend trois passagers à bord de son véhicule. Il ne rentrera jamais chez lui. Arrêté par des militaires américains, il est conduit le 5 décembre à la prison de Bagram. Ce centre de détention (où sont rassemblés les captifs soupçonnés de sympathie envers les Talibans) est essentiellement réservé à l’interrogatoire des suspects capturés dans le pays et au Pakistan.
Muhamad Dilawar, numéro 421... Enchaîné au plafond, suspendu les bras écartés. Cinq jours plus tard, il est retrouvé mort dans sa cellule..., officiellement de « mort naturelle ». Toutefois, des reporters du « New York Times » vont découvrir une attestation certifiée faisant bel et bien état d’un homicide à son encontre. Alors que l’innocence de Dilawar a été prouvée par la suite, il apparaît qu’il a subi les pires violences durant son incarcération…
Le cas « Dilawar » ouvre le documentaire Taxi pour l’enfer, et le referme : l’un des officiers de Bagram, une femme caporal, sera récompensée d’une médaille et envoyée en Irak, à Abou Ghraib…
THE DARK SIDE. Comment les Etats-Unis, la plus grande démocratie du monde, en sont-ils venus –à la suite du 11 septembre– à pratiquer la torture et à en justifier le recours ? Tel est le questionnement de Taxi to the dark side, une enquête brûlante de courage que l’on doit au cinéaste américain Alex Gibney…
À travers les témoignages de la famille de Dilawar, des soldats inculpés, mais aussi d’officiels haut placés dans l’armée et dans l’administration Bush, apparaissent clairement la volonté, la responsabilité du pouvoir dans le recours systématique à des actes de barbarie contre des hommes qualifiés arbitrairement d’« ennemis combattants illégaux ». Une sauvagerie coutumière, qui n’est ni le fait de « brebis galeuses » ou de « quelques pommes pourries » comme avait pourtant cherché à le faire croire le ministre de la Défense d’alors, Donald Rumsfeld. Une semaine après les attentats du 11 Septembre, Dick Cheney n’avait-il pas annoncé que « les méthodes d’interrogatoires [allaient] changer, en ayant recours à tous les moyens »… ?
De Bagram à la prison d’Abou Ghraib en Irak…, Taxi ce sont des images-chocs prises par les tortionnaires eux-mêmes pour détailler les sévices mis au point par la CIA –dont la technique du « waterboarding » (l’asphyxie par l’eau), utilisée pour extorquer des aveux. Des pratiques que le gouvernement américain a aggravées en cherchant à justifier l’usage de la torture selon les circonstances, puis en remettant en cause la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre –une Convention que Georges Bush en personne qualifiera de « vague et sujette à interprétation ».
Exempté de toute servitude à l’égard d’obligations légales ou morales (de quelque nature qu’elles soient), le camp de Guantanamo est ainsi devenu l’antre de toutes les dérives –le lieu de cinquante années d’études et d’expérimentations menées par la CIA pour faire plier et supplier n’importe quel prisonnier. De ce fait, l’île-prison reste une vitrine, une façade « pour faire croire au monde que l’Amérique a vaincu le terrorisme ».
A-M. LIZIN. Qui plus est, Alex Gibney rajoute à une série de révélations pétrifiantes la séquence ahurissante d’un « voyage de presse » à Guantanamo Bay : une visite guidée, agrémentée de crèmes glacées pour les détenus et d’articles-souvenirs pour les invités « d’un jour ». Il faut dire qu’Anne-Marie Lizin s’était, elle aussi, prêtée (en 2006 puis en 2007) à cette mascarade en visitant le camp jusqu’à en vanter, fort démonstrativement, le confort (« Au niveau carcéral, c’est une prison modèle : les gens y sont mieux traités qu’en Belgique… »).
Pas de doute : Taxi pour l’enfer se prend comme un uppercut cinématographique des plus opportuns (une sorte d’interpellation anticipative adressée à la nouvelle administration obamienne). A travers une contre-enquête sidérante, filmée par un citoyen en colère, il s’agit ici d’un acte d’accusation irrécusable –porté envers un État qui, plus que jamais, prétend défendre la démocratie et les droits de l’Homme partout dans le monde.
Jean FLINKER
ARENBERG
26 Galerie de la Reine
USA 2007 Durée 103 minutes Prix d’entrée 6,6 euros y compris pour le débat (Article 27 : 1,25 euro)
Mail bxl 1@attac.be — http://bxl.attac.be — Téléphone 0494 / 808 854