Flexicurité, précarité et crise
Conférence samedi 21 mars 2009 de 14 à 18h
En mars 2000, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont établi un agenda ambitieux pour la décennie qui entendait faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » . Pour cela, ils ont fixé un objectif chiffré d’un taux d’emploi de 70% de la population en âge de travailler, soit de 15 à 64 ans. Pourquoi ce taux ? Parce que les responsables européens voulaient forcer les salariés à accepter davantage de flexibilité. Flexibilité ? Des salaires poussés à la baisse et une protection sociale et syndicale moins forte...
Chaque année, en mars, depuis neuf ans, les dirigeants de l’Union évaluent la progression de cet objectif. En vue du sommet européen qui doit se tenir à Bruxelles les 19 et 20 mars prochain, la Commission a concocté ses recommandations habituelles pour l’application de ce qu’on appelle aujourd’hui le processus (ou la stratégie) de Lisbonne [1].
Seulement, cette fois, Attac, et d’autres associations, le Collectif de Solidarité Contre l’Exclusion (CSCE) , le Groupe de Recherches et d’Etudes pour une Stratégie Economique Alternative (Gresea) et le Mouvement du 15 Décembre, ont décidé d’organiser conjointement une conférence pour parler de la flexicurité. Ce néologisme signifie le développement tout azimut des emplois flexibles en échange d’une sécurité sociale hypothétique car ne faisant l’objet d’aucune définition.
Dans le contexte actuel de crise économique persistante, les responsables européens ont d’ores et déjà affirmé que la flexicurité serait la grande politique « sociale » de l’Union. La flexicurité, ce sera, avant tout, de la flexibilité sans sécurité.
Les précaires sont toujours les premiers touchés par les vagues de licenciements. Ainsi, les premiers postes de travail supprimés sont ceux des contrats temporaires. Les premières firmes à fermer leurs portes sont des petites entreprises de sous-traitance que les commanditaires ne sollicitent plus. Et le chômage économique, supporté par la collectivité et par le salarié qui y perd une partie de son revenu, est appelé à se généraliser.
Doit-on continuer à accepter cette politique, qui épargne les véritables responsables de la crise alors qu’elle pénalise lourdement les salariés ?
La conférence se composera de deux parties : l’une plus informative, l’autre plus revendicative. Dans la première, il s’agira à la fois de décortiquer ce processus de Lisbonne à la base des politiques européennes de l’emploi, de pension, de sécurité sociale, de recherches, etc., et d’expliquer les politiques de flexicurité au niveau européen et dans les Etats membres. Dans ce cadre, nous avons invité Isabelle Bruno, chercheur à l’université de Lille et auteur du livre « A vos marques, prêts... cherchez ! : La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche » (éditions du Croquant) [2], et Jo Cottenier, principal auteur du numéro d’Etudes marxistes spécial « Flexicurité, le droit du travail sous les feux » [3]. Au cours de la seconde partie, plusieurs intervenants du monde syndical présenteront leurs visions des problèmes et des alternatives souhaitées et souhaitables.
Le programme provisoire peut être consulté ici : Programme conférence
La conférence aura lieu à la salle De Boe (120 places assises), 1er étage, 45 rue de Dinant à 1000 Bruxelles. Elle est patronnée par Attac, le CSCE, le Gresea et le Mouvement du 15 décembre. Elle se déroulera en français. L’entrée est libre et gratuite. Il vous sera juste demander de laisser vos coordonnées à l’accueil (si vous le désirez) pour que nous puissions vous avertir et inviter lors d’une prochaine activité sur le sujet.
Les associations organisatrices ont leur propre site (il suffit de cliquer sur les liens ci-dessous) :
[1] A ne pas confondre avec le traité de Lisbonne qui est un ersatz du traité constitutionnel européen. On appelle cela processus de Lisbonne, car la réunion de mars 2000 initiatrice du projet a eu lieu dans la capitale portugaise.
[2] on peut trouver des comptes rendus de cet ouvrage aux adresses suivantes : Liens socio, Ceraps université de Lille 2, Le Monde diplomatique.
[3] On peut trouver les articles sur le site Institut d’Etudes marxistes ; il faut ensuite cliquer sur Etudes marxistes en haut coin gauche, puis aller dans archives à gauche, descendre jusqu’au n°79 ; en cliquant sur le titre de ce numéro, on aboutit aux articles.