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AFFAIRE DHKP-C, QUATRIEME PROCÈS DEVANT LA COUR D’APPEL DE BRUXELLES

UNE CINQUIÈME AUDIENCE JUSQU’AUBOUTISTE

04 juin 2009


Vendredi 30 mai.
« Pour une conférence de presse où a été lu un communiqué –pour "une conférence de presse" je dis bien–, le Procureur Johan Delmulle réclame dix ans de prison à l’encontre de Musa Asoglu. "Dix ans", soit la même peine que celle à laquelle a été condamné Nizar Trabelsi qui s’apprêtait, lui, à faire exploser une bombe dans une base belge de l’OTAN [1] ».
Après cette entrée en matière « surréaliste », Jan Fermon va expliquer (quatre heures durant, quatre heures sans s’arrêter) pourquoi, dans la présente affaire, on se doit de prendre en compte un évident « état de nécessité ». Un état qui explique et justifie les cinq armes, les faux papiers d’identité, les cachets « officiels » contrefaits –toutes choses retrouvées à Knokke en 1999.

Quatre heures donc pour évoquer ce qui, en Turquie, est habituel, récurrent et fonctionnel : la violence d’Etat, dans son exaspération ordinaire et ordurière. Deux cent quarante-deux minutes exactement pour avancer… près de cinquante exemples.

De l’emprise de l’armée sur l’ensemble des superstructures étatiques à l’incrustation de la mafia dans celles-ci (avec l’aval de l’Etat-Major), Fermon n’aura que peu de temps pour faire entrer dans le prétoire une sorte d’émotivité progressivement portée jusqu’à l’émotion. Des histoires de militants d’extrême gauche aux corps torturés, déchiquetés, écrasés, broyés, noyés, révolvérisés, scarifiés, brûlés, gazés, violentés, violés, vitriolés, passés à l’électricité… Par les forces de sécurité, les services spéciaux (organisés au sein des Corps de police ou des différents départements de l’armée), les escadrons de la mort liés au ministère de l’Intérieur, les officines secrètes financées par la CIA, ou les nervis délégués par la pègre pour assassiner les opposants politiques.
Exemple ? Turan Ünal. Ce tortionnaire, spécialisé dans l’enlèvement de militants et la disparition de leurs corps, faisait partie de diverses unités spéciales (dont l’unité 03) et du Service « Renseignements » de la gendarmerie. Ainsi, le 31 mars 1998, il a participé à l’enlèvement à Izmir de quatre membres du DHKC –l’étudiant Neslihan Uslu, Metin Anda (un villageois qui militait contre l’implantation d’une entreprise d’extraction de l’or, Eurogold, empoisonnant la nature au cyanure), le militant Mehmet Ali Mandal et le syndicaliste Hasan Aydogan. En compagnie de ses sbires, Ünal les a torturés dans une caserne militaire à Foça, a en partie broyé leur corps et a embarqué les restes dans une barque qu’il a fait exploser au large de Seferhisar, une localité proche d’Izmir. Ensuite, lui et ses complices ont célébré cette « opération réussie » dans un club de vacances de Cesme appelé Fly-Inn. Ünal a aussi participé à de nombreuses séances de torture dans les centres les plus connus de la section antiterroriste d’Istanbul, au laboratoire de recherche approfondie (DAL) à Ankara, au casino Bayrak, dans les locaux des services secrets de la gendarmerie de Yenimahalle, dans les centres de torture à Izmir, en Phocée, à Üçkuyular. En avril 1998, il a créé une association culturelle ainsi qu’une bibliothèque populaire dans le village de Diphaciköy en province d’Amasya pour y attirer le potentiel de gauche et infiltrer les milieux proches des camps de guérilla tant du DHKP-C que du TKP-ML. En juillet 1996, Ünal a participé à plusieurs enlèvements et à la répression contre les familles des disparus qui avaient manifesté en marge du Sommet sur le logement Habitat. Selon des témoignages concordants, il a activement participé aux séances de sévice. Il a également mis sur pied des réseaux d’informateurs dans les montagnes d’Egée et du Taurus pour filer les combattants du DHKC. Il a commis des activités de provocation dans les campus universitaires de Hacettepe, de Beytepe et à la Faculté des Sciences politiques d’Ankara. Idem à Istanbul, où il a tenté d’infiltrer les milieux progressistes de la Faculté des Lettres et a organisé des rafles parmi les étudiants de gauche afin d’intimider et pousser ses victimes à la collaboration.
Durant ses activités de kidnapping menées de novembre 1995 à novembre 1998, Turan Ünal n’a évidemment jamais cessé de s’enrichir : par les trafics de drogue et d’armes, des trafics « sous hautes protections »… « Poing » final ? Le 8 juillet 1999 dans un communiqué explicatif, le DHKC a ouvertement revendiqué l’exécution de cet assassin de masse, dont les missions étaient inspirées, commanditées et couvertes par les plus hautes autorités [2].

SANS SUITES…
Sur quatre cents plaintes déposées par des victimes de tortures (ou par leurs proches) auprès des organes de Justice turcs compétents, toutes ont été classées « sans suites »… Sauf une (dont les conclusions se font toujours attendre). Pour porter illustration de ces brutalités pour tout dire inimaginables, J. Fermon tendra vers les juges des photos à la vérité insoutenable. Notamment des clichés de la tuerie exécutée au pénitencier d’Ulucanlar (Ankara) par les forces de sécurité… le 26 septembre 1999, lors d’un raid à la kalachnikov. Sur ces documents, on voit distinctement des dizaines de prisonniers politiques dont les cadavres ont été pulvérisés sous les coups de crosse et les balles.
Enfin, Fermon se fera une ultime fois honneur –en prenant en flagrant délire les revendications pénales avancées par le Procureur fédéral contre l’association TAYAD. On le sait ce mouvement (regroupant en Turquie, mais aussi dans la plupart des pays européens, les familles de détenus politiques emprisonnés ou disparus) ne devrait selon J. Delmulle bénéficier d’aucun droit de cité en Belgique parce qu’« il fait partie de la même structure terroriste que le DHKP-C ». Autrement dit, TAYAD devrait désormais être purement et simplement interdit en Belgique… « alors que ce n’est aucunement le cas en Turquie » –où ce mouvement a une représentativité sociale et une influence démocratique indéniables. Pour preuve, Fermon fait valoir un reportage photo publié dans l’un des derniers numéros de la revue (sur papier glacé) du HÖC (« Front for Rights and Liberty »). Des illustrations panoramiques où l’on peut voir treize mille (13.000) sympathisants lors d’un concert donné à Istanbul au profit de TAYAD et 30.000 (30.000) manifestants défilant pour soutenir son combat et ses revendications. Bref une amplitude publique qui n’a rien à voir avec l’habit et l’habitude terroristes dont le Parquet fédéral voudrait travestir cette courageuse organisation…

Fallait-il s’en douter ? Passé 13 heures, le président de la Cour d’Appel invoque un exposé à la longueur compromettante pour refuser à la défense ce qui lui avait été reconnu chichement la veille. La projection des deux vidéos à la durée écourtée ? « Eh bien, ça ne sera pas possible. Vous comprenez ? ». Fermon ne comprend pas mais pour Antoon Boyen, c’est comme ça et pas autrement.

Après l’interruption « 13 heures 25-14 heures quart », la seconde partie de cette audience finale va donc s’engager au pas de charge. D’abord Raf Jespers (sur la notion de recours justifié à la violence face à la tyrannie, et à la souveraineté populaire pour construire de la démocratie), auquel succède Nadia Lorenzetti. Prenant directement à partie Kris Vincke, l’avoué chaque fois plus désavoué, l’avocate se limite à un considérant et à une admonestation : « Revendiquer des dommages et intérêts au nom d’un Etat mafieux, morbide et criminel, c’est tout simplement choquant. Messieurs de la Cour n’y donnez, s’il vous plaît, aucune suite ».
Puis Alexander et Fermon, tous deux courtissimes. Après quoi, une demi-heure est squeezée par Delmulle (là, pour la première fois de la journée, les trois juges n’arrêtent pas de prendre des notes). Premier temps, le représentant du Ministère public passe la pommade et l’onguent (« Les faits de répression exercés par l’Etat turc, et qui ont été cités ce matin, sont détestables et intolérables. Cela ne justifie pas pour autant l’action violente du DHKP-C »), après quoi il balance le vitriol et un récit acidifié faisant des accusés des crapules certifiées. Vincke prend le relais pour répéter, comme à chacune de ses interventions, combien le régime « démocratique » turc est droit dans ses bottes (« La preuve que les militants du DHKP-C, incarcérés ces dix dernières années, n’ont jamais été les victimes d’un prétendu terrorisme d’Etat, c’est que les 122 d’entre eux qui sont morts l’ont été par leur propre et seule volonté, lors de grèves de la faim qu’ils avaient eux-mêmes décidées ») [3]. Une lecture carrément révisionniste de l’Histoire turque contemporaine –de la part d’un avocat acheté, transformé en parfait vendu. Car pour refuser leur transfert dans les nouvelles prisons dites de type F (où les militants auraient été inévitablement transformés en cohortes de morts-vivants), l’opinion démocratique et les secteurs progressistes de la société civile n’ont jamais cessé de réclamer l’ouverture de négociations. Dès juillet 2000 précisément –où pour trouver une solution pacifiée à même de respecter l’identité, l’intégrité des détenus politiques, et mettre un terme à leurs grèves de la faim voire de la soif…, même l’écrivain Pamuk Orham (devenu, en 2006, Prix Nobel de littérature) fera partie des négociateurs. En vain. Les autorités, roublardes et revanchardes, feront tout pour ralentir l’avènement d’un compromis acceptable par les détenus (espérant, de la sorte, les forcer à mettre fin à leur mouvement de protestation) [4].

TRONQUÉ, DONC TRUQUÉ
Qui risque le plus dans ce dossier tronqué et truqué (où les faits défaits ont été sciemment trafiqués par le Parquet) ? Musa Asoglu.
Celui-ci prendra donc la parole. 120 minutes nécessaires pour clarifier ce qu’il est juste d’entendre par « terreur » et par « démocratie ». Une démonstration développée sur un ton étonnamment posé et calme. Sauf, une seule fois –quand Musa mettra directement en cause le défenseur du régime turc et l’obscénité d’un Etat coupable d’avoir massacré 28 prisonniers sans défense –dont la seule « violence » étaient de revendiquer des droits élémentaires.
Dernier à pouvoir s’expliquer : Bahar Kimyongür. Égal à lui-même. Généreux, altruiste, entier. Toujours là pour revendiquer les gestes qu’il avait posés, et l’affirmation irrépressible de les recommencer exactement pareils « si c‘était à refaire » [5].
Après ces explications improvisées (partagées entre une juste véhémence, du bon sens et un zeste d’humour), Antoon Boyen en fera confirmer les affirmations factuelles par l’intéressé lui-même. Des précisions –formant pièce à conviction, versée au dossier– et que les trois magistrats du siège devront apprécier pour constituer leur jugement.
« Nous essaierons de rendre notre Arrêt le 14 juillet », conclura un Président au style en rien révolutionnaire.


Jean FLINKER
membre du Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association
www.leclea.be

[1] : À Kleine-Brogel dans le Limbourg. Dans cette base stratégique de l’OTAN sont entreposées (sous le contrôle d’officiers US) plusieurs dizaines d’ogives nucléaires. La bombe devait sauter au printemps 2002.

[2] : Des récits effrayés, aux relents effroyables, Jan Fermon va en égrener crescendo. Mais si les crimes d’Etat révélés devant le tribunal ne s’arrêteront pas à la date que clôt la saisine (2004, et la fameuse conférence de presse du 28 juin), leur chronologie ne pouvait être évidemment exhaustive. A titre de complément, voici donc un article des plus récents (13 avril 2009) paru sous le titre « Les fantômes d’une sale guerre » dans le journal Le MONDE…
« Reclus dans un village, "quelque part dans le sud de la Suède", Abdülkadir Aygan vit sous la protection des services secrets suédois. Et pour cause : ce réfugié fait trembler la Turquie à chacune de ses révélations. Ancien membre de la rébellion kurde du PKK, il a été "retourné" par l’armée turque dans les années 1990. Il a alors collaboré avec le JITEM, une cellule clandestine de la gendarmerie chargée de la lutte antiterroriste. Pendant dix ans, il a pris part aux crimes perpétrés dans le Sud-Est de la Turquie, au plus fort de "la sale guerre" menée par l’armée contre les rebelles kurdes et une population accusée de les soutenir. Abdülkadir Aygan a quitté la Turquie en 2003. Aujourd’hui, il parle.
"J’ai été embauché comme fonctionnaire civil antiterroriste en septembre 1991 avec le matricule J27299", nous raconte-t-il, dans sa maison suédoise. Avec force détails, il passe en revue les séances de torture et les exécutions sommaires de militants soupçonnés de soutenir la cause kurde, dont il fut le témoin. Des centaines de meurtres et d’enlèvements, non élucidés, auraient été commis dans le sud-est de la Turquie entre 1987 et 2001. "Il y a près de 1.500 dossiers connus de disparus, estime un avocat de Diyarbakir engagé dans la défense des droits de l’Homme, Sezgin Tanrikulu. 5.000 en comptant les meurtres inexpliqués".
En Turquie, les aveux d’Abdülkadir Aygan ont totalement relancé l’enquête sur ces disparitions et rendu espoir aux familles des victimes. Le corps de Murat Aslan, un jeune de 25 ans volatilisé en 1994, a ainsi été retrouvé dix ans après, brûlé et enterré au bord d’une route. "Nous l’avons enlevé dans un café après une dénonciation et amené au local du JITEM, se souvient M. Aygan. Un caporal expert en torture l’a accroché au plafond par les mains, avec des poids aux pieds. Il le battait. Il est resté trois ou quatre jours sans nourriture. Moi, j’évaluais ses informations". Selon Abdülkadir Aygan, Murat Aslan a finalement été envoyé à Silopi, puis amené au bord du Tigre. "On lui a mis un bandeau sur les yeux et des menottes. Le sous-officier Yüksel Ugur a tiré et Cindi Saluci l’a arrosé d’essence et a mis le feu. C’est grâce à mon témoignage que son corps a pu être retrouvé par sa famille et identifié grâce à un test ADN".
Le repenti décrit également "les puits de la mort", tels que les a baptisés la presse turque : des cuves de la compagnie pétrolière d’Etat Botas, dans lesquelles sept corps auraient été jetés en 1994 après avoir été dissous dans l’acide ou brûlés. Il précise aussi que trois syndicalistes, arrêtés la même année et remis par le procureur au chef du JITEM à Diyarbakir (le colonel Abdukerim Kirca), ont été exécutés par ce dernier d’une balle dans la tête près de Silvan. "Nous prenons ce qu’il dit très au sérieux, explique Nusirevan Elçi, le bâtonnier de Silopi, à l’origine de la réouverture du dossier. Après vérification, tout ce que raconte Aygan est exact".
L’ex-membre du JITEM est loin d’avoir livré tous ses secrets. Il dit craindre pour sa vie, en Suède, où il a reçu des menaces : la Turquie réclame son extradition pour le juger du meurtre de l’écrivain kurde Musa Anter, en 1992. "Je suis prêt à être jugé n’importe où et n’importe quand mais pas en Turquie, s’insurge-t-il. Cette demande est faite pour me faire taire".
Depuis le 9 mars, l’enquête sur les disparitions a pris une nouvelle dimension. Sur requête des avocats qui s’appuient sur les déclarations de M. Aygan, la justice a finalement ordonné des fouilles autour de Silopi, dernière ville avant la frontière irakienne, et dans la région de Diyarbakir. "Les puits de la mort", situés à proximité de la principale caserne militaire de Silopi, et sur le site de l’entreprise Botas, ont été explorés. Ainsi que des charniers présumés dans plusieurs villages, où des dizaines de fragments d’os, un gant vert, des cordelettes nouées, des débris de vêtements, un crâne humain ont été découverts.
Le traumatisme, encore vif, des méfaits commis dans la région remonte à la surface à la faveur de ces excavations. "Ces crimes étaient connus de la population depuis des années. Chaque famille a une histoire de disparu", précise le bâtonnier Elçi. Du vendeur de kebabs de la place centrale au chef local de l’AKP, le parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, tous ont perdu un proche. Rien qu’à Silopi, 15.000 habitants, au moins 300 personnes seraient portées disparues.
Mais les langues se délient depuis le lancement, en 2007, d’une enquête sur le réseau Ergenekon, une puissante nébuleuse militaro-nationaliste incrustée dans l’appareil d’Etat turc et soupçonnée d’avoir fomenté putschs et assassinats. Depuis octobre 2008, 86 personnes –militaires, académiciens, journalistes, politiciens et mafieux– sont jugées devant un tribunal spécial, dans la banlieue d’Istanbul, pour un complot présumé contre le gouvernement. A partir de juillet, 56 autres suspects seront traduits devant la justice. Des dizaines d’autres pourraient suivre.
L’existence du réseau Ergenekon n’est pas une surprise : les Turcs parlaient jusqu’ici d’"Etat profond" pour désigner ce réseau ultranationaliste. Décapité par les vagues d’arrestations, le réseau pourrait percer le mystère de quelques-unes des affaires les plus sombres de l’Histoire récente de la Turquie, telles que l’assassinat du journaliste d’origine arménienne Hrant Dink... ou les exactions du JITEM, dans le Sud-Est. "Les fondateurs d’Ergenekon étaient aussi des membres du JITEM, souligne Abdülkadir Aygan. Ergenekon a également utilisé à l’occasion des chefs de la mafia pour mener des missions. Une partie des victimes dans le Sud-Est ont été tuées par les cellules chargées des opérations spéciales au sein de la gendarmerie, mais aussi par d’autres services de police ou de l’armée, voire même par le MHP, le parti d’extrême droite nationaliste" ».

[3] : Concernant le plus incroyable, le plus insolent, le plus long des mouvements de l’Histoire –organisé par des centaines de détenus grévistes de la faim– « contre le régime carcéral d’isolation totale », le lecteur se rapportera utilement au dossier Bahar Kimongür, le dossier à charge et en particulier le premier de ses chapitres Sans État d’âme…

[4] : Après des années de tergiversions (durant lesquelles le pouvoir va tout entreprendre pour saboter les discussions, les laisser s’égarer le plus loin possible et faire perdre courage aux grévistes), ceux-ci vont finalement accepter –en janvier 2007– le compromis transcrit dans la Circulaire 45/1. Bilan ? En échange de 122 morts, un accord a minima qui ne prend pas en compte les revendications essentielles du mouvement gréviste. Qui plus est, les avancées (mineures) reconnues par la Circulaire seront appliquées avec retard ou carrément sabotées…

[5] : Une des accusations étayant l’appartenance de Bahar à une associations de malfaiteurs, c’est la découverte (dans l’appartement de Duibergen) d’une photocopie de sa carte d’identité.
L’accusation concerne, plus précisément, « l’utilisation » de sa signature. Un crime au regard de la loi, dont ce militant d’Amnesty International s’est maintes fois justifié –au nom de l’urgence, de l’état de nécessité, de l’aide à personnes manifestement en danger : « Les enquêteurs auraient retrouvé des photocopies de mes pièces d’identité ainsi qu’un schéma manuscrit indiquant de quelle manière il fallait procéder pour falsifier ma propre signature ? Mais avant-hier, sous l’Occupation nazie, des femmes et des hommes courageux, ceux que l’on a appelé "Les Justes", ont caché chez eux des familles juives pour les sauver de l’extermination. En me mettant au service de personnes persécutées par le régime d’Ankara, je n’ai fait que perpétuer une tradition humaniste et altruiste –des valeurs qui malheureusement, dans nos sociétés gangrenées par l’individualisme, sont en perte de vitesse. Je pense donc que me châtier pour de tels faits n’est pas digne d’une institution qui se dit rendre justice. Mon acte désintéressé consistait à donner la possibilité à des opposants, probablement recherchés et menacés de mort, de se cacher ou de vivre en sécurité. En ce sens, je pense agir selon des principes politiques universels, comme le droit de résistance à l’oppression tel qu’il est reconnu par la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. En réalité, je n’ai ainsi fait que nuire à moi-même » (Citation reprise de la brochure Kimyongür Bahar : le dossier à charge, dans le chapitre Première instance…)


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