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Cinéma d’ATTAC au CINEMA ARENBERG

"FORTUNES ET INFORTUNES DES FAMILLES DU NORD" de Gilles BALBASTRE

Jeudi 22 octobre 2009, à 21h30

Dès 20 heures 30
LE GRAND DÉBAT
Avec le réalisateur du film
« Les patrons plastronnent, les banquiers cartonnent,les médias bastonnent. Et la gauche ? Elle se tâte et tâtonne... »


Jeudi 22 octobre
à 21 heures 30, au CINEMA ARENBERG

Le Cinéma d’Attac présente en avant-première

« FORTUNES ET INFORTUNES DES FAMILLES DU NORD »
de Gilles BALBASTRE

Un reportage sidérant sur une des dynasties que l’industrie textile a rendue richissime.
Après avoir surexploité leurs ouvriers, puis détourné les aides publiques,les Dewavrin ont sabordé toutes leurs usines et délocalisé. En Chine. Car, dans les pays de l’Est, des salariés payés 150 euros par mois,
c’est encore beaucoup trop cher.

Dès 20 heures 30
LE GRAND DÉBAT
Avec le réalisateur du film
« Les patrons plastronnent, les banquiers cartonnent,les médias bastonnent.
Et la gauche ? Elle se tâte et tâtonne... »


FORTUNES ET INFORTUNES...
Alors, oui. « Si nous vivons, nous vivons pour marcher sur la tête des puissants… Car les puissants ne travaillent qu’à marcher sur nos vies ». Ce constat dramaturgique (revendiqué en 1596 par William Shakespeare) aurait très bien pu servir d’exergue au reportage de Gilles Balbastre. Car dans ce documentaire exemplaire, la réalité se donne enfin à voir pour ce qu’elle est : saccadée, difforme et contradictoire –selon qu’on se place du point de vue des dominants ou de celui des dominés, des importants ou des emportés, des dégoûtants ou des dégoûtés. Balbastre : ce journaliste vit dans le Nord de la France et connaît bien la condition déprolétarisée de ce territoire aujourd’hui sinistré. « Je voulais faire un film avec des riches et des pauvres ». Comme la région de Roubaix-Tourcoing ne manque pas de dynasties ayant tiré profit de l’infortune ouvrière, Gilles Balbastre a donc jeté son dévolu sur l’entreprise Dewavrin. Résultat ? Un reportage épuré, droit et limpide.

L’AGE D’OR. Au début du 20ème siècle, plusieurs familles règnent en maître sur le commerce lucratif de la laine. Venues tout droit d’Australie, des millions de balles de laine brute envahissent les usines pour en ressortir soigneusement peignée, filée et blanche comme neige. Pendant des décennies, le pôle Roubaix-Tourcoing rayonne comme capitale mondiale du négoce lainier. C’est ainsi que le groupe Dewavrin ouvre sa première usine de transformation à Auchel, en 1965. Coup double pour le patron, qui profite à la fois des subventions publiques pour relancer l’économie de la région et d’une main-d’œuvre importante, appliquée et peu cher. Pourtant, en plein boom économique, les liens entre patron et ouvriers commencent à s’effilocher. Pour répondre aux besoins du marché, les employés sont contraints d’enchaîner, à une cadence effrénée, les heures de travail. La flexibilité des horaires, autorisée par de nouvelles législations « sociales » (imaginées par le socialiste Delebarre ou le libéral Séguin), fait les bonnes affaires de l’entreprise Dewavrin. Mais pas forcément celle des ouvriers : « Il y avait plein d’options : un changement d’une semaine à l’autre, ou tous les deux jours. On ne s’y retrouvait plus ! ». Exténués par ce rythme, les ouvriers consacrent leurs jours de repos à dormir. Augmentation de la productivité, flexibilité du temps de travail, précarisation des contrats, chasse à la prime d’installation… ; vies privées chamboulées, augmentation des cadences, salaires tétanisés, retraites aplaties, environnement saccagé… : tous ces sacrifices ne suffiront pas à éviter le pire. Après la période « faste » des années 70, l’industrie lainière ne peut plus faire face (mondialisation oblige) aux nouvelles fibres synthétiques venues de l’étranger et à la concurrence des pays d’extrême-Orient. En dépit d’énormes bénéfices, le groupe Dewavrin décide de quitter le Nord pour se délocaliser en Roumanie, où la main-d’œuvre travaille pour moins de 150 euros par mois. Mais la course aux bas salaires est sans fin et cette destination ne satisfera qu’un temps les appétits du géant du textile. Aujourd’hui, la famille Dewavrin a posé ses affaires en Chine. Alors que, dans le Nord déserté, les anciens ouvriers peinent à se reclasser.

ROUBAIX AU RABAIS. Jacques Dewavrin ? L’entrepreneur, filmé dans sa maison cossue des boulevards de Roubaix, expose ici sa logique, industrielle, implacable : un marché à exploiter, qui rapporte, puis une concurrence qui menace les dividendes des actionnaires et « contraint » à la délocalisation.Les ouvriers Messaouid, Maurice ou Bouzid ? Au café ou dans leur modeste petite maison de briques, ils racontent leur quotidien : la poussière, les horaires éclatés qui minent la vie de famille, et le choc de la fermeture d’une usine qu’ils aimaient. Malgré tout.Cela va sans dire. Le chômage et son lot de misère ne sont pas sans conséquences sur la vie et la scolarité des enfants. À Roubaix, le directeur d’un lycée invite régulièrement le commissaire de police à assister au conseil de discipline. Gilles Balbastre, dans une séquence à la fois terrible et émouvante, montre un jeune en prise avec ces « responsables ». Certes, l’adolescent a fait une bêtise, mais celle-ci vaut-elle qu’on le traite comme un criminel ?« On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent », écrivait Bertolt Brecht. C’est ce que démontre le propos de Balbastre. L’insolente richesse de la bourgeoisie industrielle locale, qui pollue l’environnement et encaisse les fonds publics avant de délocaliser, semble ne pas poser autant de problèmes que les comportements indisciplinés des enfants de prolos victimes du chômage et de la précarité. Depuis le début des années 1990, on assiste à un renforcement du contrôle des milieux populaires. La police, la justice et même l’école doivent désormais juguler les effets les plus visibles de cette décomposition programmée de l’univers ouvrier.

Jean FLINKER

CINEMA ARENBERG
26 Galerie de la Reine
FRANCE 2008
Durée 52 minutes
Prix d’entrée 6,6 euros y compris pour le débat
(Article 27 : 1,25 euro)

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