Cinema d’ATTAC
Jeudi 21 octobre 2010, à 21h30
Le
jeudi 21 octobre au
cinéma Arenberg,
ATTAC-Bruxelles
vous
invite à
une
soirée pour
deux événements :
dès
20 heures 30,
LE
GRAND DÉBAT:
« DEVOIR
TOUJOURS BANQUER?
MAINTENANT,
ÇA
SUFFIT… !»
Avec
Laurent
ARNAUTS
avocat
au Cabinet «Modrikamen»
(partie
plaignante dans le dossier FORTIS)
Marco
VAN HEES
fonctionnaire
au Ministère des Finances,
auteur
de Banques
qui pillent, banques qui pleurent…
et
Inès TRÉPANT
conseillère
politique auprès des Verts au Parlement
européen
à
21 heures 30 précises
LE
FILM :
«
LA
STRATÉGIE DU CHOC
»
une
dénonciation percutante des fondamentalistes
libéraux,
d’après
le best-seller de
NAOMI
KLEIN
DU CHAOS AU KO
Il n’y a pas de
hasard dans le monde tel que le voit Naomi Klein.
Pour en faire la
nouvelle City de
l’ultralibéralisme,
les sbires de Pinochet ont fracassé la colonne
vertébrale du Chili : la
torture et les assassinats du temps de la dictature (1973-1990) y ont
été
systématiquement utilisés pour briser la
résistance au marché.
Idem, lors de
l’effondrement des «démocraties
populaires» : l’instabilité de
la Russie a
permis d’imposer une série
d’électrochocs à une population
jusqu’alors
réfractaire. Pour mieux brader les biens publics
à l’avantage d’une bourgeoisie
ascendante, maffieuse et oligarque. En
août 1991, le Washington Post
justifiait d’ailleurs
pour quoi «le Chili de Pinochet
pourra
servir de modèle pratique à l'économie
soviétique» : en 1989, la
Russie comptait deux millions de pauvres. Ils seront 74 millions en
1995.
En fait, pour
démembrer l’ancienne économie
centralisée, Boris Eltsine choisira
d’exécuter
les ordres d’un Cabinet secret dirigé par des
conseillers américains, tous
adeptes du reaganisme le plus viscéral. En moins
d’une année, la consommation
des Russes va donc baisser de 40% ; on supprime le
contrôle des prix
alimentaires ; tous les budgets sont drastiquement
compressés, tandis que
s’accélèrent les privatisations. La
société pétrolière Youkos (qui contrôle plus de
pétrole que le Koweït, et
génère plus
de 3 milliards de dollars par an) est ainsi vendue pour 300 millions
(moins de
1% de sa valeur). Résultat : la Russie, qui ne
comptait aucun
millionnaire, capitalise 17 milliardaires en 2003.
INTÉGRISME. Dans son dernier et
ambitieux ouvrage The Shock Doctrine,
Noami Klein examine l’histoire économique des
trois dernières décennies et la
montée de l’intégrisme du
marché dans le monde. Ce «capitalisme de
catastrophes», comme l’appelle la journaliste, est
un système violent qui
nécessite le recours à la terreur, à
l’effroi, à l’accablement.
Version filmée
du best-seller de Naomi Klein, la
Stratégie du choc des cinéastes Michael
Winterbottom et Mat Whitecross (qui
avaient signé ensemble The Road to
Guantanamo) expose brillamment les principales
thèses de l’essayiste
canadienne. Celle-ci n’hésite pas : elle
pulvérise la croyance établie,
selon laquelle économie libérale et
démocratie vont de pair. Dans son essai, la
contestataire soutient au contraire que le capitalisme
frénétique est imposé à
des populations fragilisées, en états de choc
–des circonstances propices pour
réduire la sphère publique, imposer les
dérégulations et aviver les
privatisations en tous genres. Une thèse plus que jamais
d’actualité –renforcée
par la crise financière, qui sert présentement de
prétexte à des licenciements
massifs (quand les banques affichent des profits insultants), et de
justificatif à des politiques
d’austérité dure, au nom de la lutte
contre les
déficits publics… Car le capitalisme
prospère de préférence dans les
contextes
expressément tourmentés pour bâtir un
nouvel autoritarisme sur les ruines
d'Etats et de sociétés terrorisées (on
pense spontanément à
l’après-11
septembre). Pour autant, des cataclysmes naturels offrent aussi ce type
d’occasions affairistes.
Lors
de l'ouragan Katrina par exemple, le représentant
républicain de La
Nouvelle-Orléans, Richard Baker, déclarera, sans
circonvolution: «Nous avons enfin
nettoyé les logements
sociaux de la ville. Dieu a réussi là
où nous avions échoué».
Traduction : en août 2005, la tempête
meurtrière a permis de chasser les
pauvres (essentiellement des personnes de couleur) de la principale
métropole
de Louisiane et d’en céder les quartiers
reconstruits à une clientèle
impatiemment fortunée. L'Administration
fédérale, refusant d'allouer des fonds
d'urgence pour payer les fonctionnaires, La Nouvelle-Orléans
devra congédier
3.000 employés au cours des mois suivants. Par contre, la
société Kenyon,
division du conglomérat
funéraire Service Corporation
International (important cotisant à la caisse
électorale de Bush) sera
chargée de recueillir les morts dans les maisons et les
rues : la firme
facturera à l'État 12.500 dollars par cadavre, un
incroyable pactole. Repartir d’une
page «blanche» ? La plupart des
écoles publiques de la municipalité ont
été remplacées par des charter
schools
(des établissements financés par les fonds
publics mais gérés par le privé),
désormais occupées par les enfants
d’une élite «blanche»
nouvellement
installée.
GUERRE PRIVATISÉE. Thuriféraire de la
dictature pinochetiste au Chili, Milton Friedman en avait
scénarisé la
nécessité: «Seule
une crise, réelle ou supposée,
peut produire des changements. Telle est notre véritable
fonction: trouver des
solutions de rechange aux politiques existantes et les entretenir
jusqu’à ce
que des notions politiquement impossibles deviennent politiquement
inévitables». On le sait : les
théories obscènes de Friedman vont lui
valoir le prix Nobel…
«En prévision de
désastres, explique Klein,
certains stockent les boîtes de
conserve
et les bouteilles d’eau ; les disciples de Friedman, eux,
stockent des idées
relatives au libre marché. En cas de crise, le professeur de
l’université de
Chicago était convaincu qu’il fallait intervenir
immédiatement pour imposer des
changements rapides et irréversibles à la
société éprouvée par les
catastrophes. Variation sur un thème cher à
Machiavel, selon qui le mal devait
"se faire tout d’une fois"»…
Exactement trente
ans après, la formule fait toujours recette, en Irak cette
fois, mais de façon
beaucoup plus ordurière. Il y aura d’abord la
guerre qui –selon les tenants de
la doctrine militaire US «Shock and
Awe»
(littéralement «Choc et
effroi»)– avait pour but de «contrôler
la volonté de l’adversaire, de le priver de toute
capacité à
agir et à réagir». Viendra
ensuite la traitement de choc économique (imposé,
dans un pays toujours en flamme, par l’émissaire
en chef des États-Unis, L.
Paul Bremer): privatisations spectaculaires et massives,
libre-échange sans
restrictions, impôts anémiés
(même pas 15 %). En cas de résistance, les
Irakiens sont arrêtés et violentés.
La guerre étant
une affaire trop sérieuse pour être
confiée aux militaires, l’ambition de
George W. Bush sera de la céder aux entreprises
privées. Du coup, les
profiteurs de guerre (les sociétés Blackwater,
Halliburton, Betchel,
Carlyle…) n’ont
plus besoin de faire le siège du gouvernement : ils sont le
gouvernement. Il
n’y a même plus d’appels
d’offres (incompatibles avec la situation
d’urgence) : les contrats stipulent simplement que
les compagnies seront
remboursées des frais engagés, plus «un
certain pourcentage» de bénéfice.
L’Autorité d’occupation
–appliquant le principe capitalistique du «Si une
tâche
peut être accomplie par le secteur privé, il faut
la lui offrirr»– ramène le
personnel encore attaché à ce qui reste
d’appareil d’Etat à 1.500 personnes
–alors que la société Halliburton
en
emploie, à elle seule, 50.000.
L’impunité dont bénéficie
les entreprises de
«reconstruction» est totale, elles peuvent
dorénavant agir comme bon leur
semble : elles ne sont assujetties à aucune loi,
qu’elle soit locale ou
américaine. Ex-agent de la CIA, Mike Battles
résumera la situation à merveille
: «La peur et le
désordre nous ont
admirablement servis». Autant dire que la
sidération et la détresse sont
les moteurs du «progrès» : «Traumatiser
et terroriser le pays tout entier, détruire
délibérément ses infrastructures,
mettre
à sac sa culture et son Histoire, puis réparer
les dégâts en inondant le pays
d’appareils ménagers bas de gamme et de produits
alimentaires de mauvaise
qualité mais tous importés»…
FONDAMENTALISME. Pour Naomi Klein (déjà
auteure plébiscitée pour No
Logo),
cette forme de capitalisme fondamentaliste va plus que jamais compter
sur les
catastrophes pour faire crier l’économie: «Vues
sous cette optique, les trente-cinq dernières
années apparaissent sous un jour
sensiblement différent. On avait jusque-là
tendance à voir certaines des
violations les plus flagrantes des droits de l’Homme comme
des actes sadiques
dont se rendaient coupables des régimes
antidémocratiques. En fait, il s’agit de
mesures prises dans un seul dessein : asservir par le
totalitarisme du
profit et le despotisme marchand».
La
logique guerrière du système capitaliste est
diabolique, implacable et faite
pour durer. On appelle aujourd'hui «guerre
contre le terrorisme» des coups d'État,
des massacres qui n'ont pour but
que d'installer et de maintenir en place des régimes
favorables à la liberté d’entreprise.
Le capitalisme du désastre s'est d’ailleurs
habitué au terrorisme: après le 11
septembre, le Dow Jones perdait 685
points, mais le 7 juillet 2005 (jour où quatre bombes
explosèrent dans les
transports londoniens), le Stock Exchange
et le Nasdaq n’ont plus
hésité à grimper
en flèche et à battre tous les records.
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Jean FLINKER
Cinéma ARENBERG
(26 Galerie de la Reine)
LA STRATÉGIE DU CHOC
de Michael Winterbottom
et Mat Whitecross
Grande-Bretagne 2009 / Durée 80 minutes
Prix d’entrée
6,6 euros y compris pour le débat
(sauf les Article 27)
ATTAC-Bruxelles 1
16 avenue Nouvelle, 1040 Bruxelles
mail : bxl 1@attac.be
— http://bxl.attac.be — tél :
0494 / 808 854