Cinéma D’ATTAC
Jeudi 18 novembre 2010, à 21h30
EN AVANT-PREMIÈRE
le
jeudi 18 novembre,
à
21 heures 30 au cinéma Arenberg,
Attac-Bruxelles
vous
invite à la projection de
CLEVELAND CONTRE
WALL STREET
de
Jean-Stéphane BRON
Le
11 janvier 2008, la ville de Cleveland
assigne
en justice les 21 banques qu’elle juge
responsables
des saisies immobilières qui dévastent la
municipalité.
Mais
les banques de Wall Street s’opposent à
l’ouverture d’une procédure.
Cleveland contre Wall Street raconte
l’histoire d’un procès qui aurait
dû
avoir lieu.
Un
procès de cinéma, dont l’histoire, les
protagonistes et leurs témoignages sont
bien réels...
dès
20 heures 30,
LE
GRAND DÉBAT:
« APRÈS
LA CRISE…,
LE
RETOUR DE
LA CRISE !»
avec
Eric
DE
KEULENEER
professeur
à la Solvay
Business School
et
membre du Conseil de supervision
de
la Commission financière belge
_______________
LE SCANDALE DES SUBPRIMES,
COMME SI VOUS Y ÉTIEZ…
Documentaire
ou fiction ? Comme il faut renseigner les fans, on écrira
«documentaire». Mais
pour être honnête, ça se discute. Dans
le doute, il aurait fallu s'abstenir.
Mais cette interrogation procure à Cleveland
contre Wall Street une vertu éminemment
stimulante, sur le plan politique
et artistique.
L'auteur
de ce film, Jean-Stéphane Bron, un documentariste suisse
parmi les plus
vigoureux du moment, a donc traversé quelques lacs pour se
rendre à Cleveland (Ohio,
Etats-Unis) –où la ville assignait en justice, le
11 janvier 2008, vingt et une
banques de Wall Street, jugées par cette
municipalité responsables des milliers
d'expropriations immobilières consécutives
à leur politique de crédits à
risques.
Jean-Stéphane
Bron, pour le dire autrement, arrivait à Cleveland en plein
démarrage de la
crise des subprimes, dont les conséquences (une crise
financière mondiale comme
on n'en a pas vu depuis 1929) sont tristement connues.
SANS PRÉCÉDENT.
C'est ce qu'on appelle avoir le nez creux : un sujet en or, si l'on ose
dire,
pour tout documentariste, d'autant que l'action en justice
intentée par cette
ville de Cleveland était sans
précédent. Seulement voilà, la
réalité est aussi,
parfois, l'ennemie du documentariste. La procédure,
bloquée par les arguments
juridiques d'une kyrielle d'avocats stipendiés par les
banques, se fait
attendre. Pour dire le vrai, à l'heure où le film
sort en salles, l’affaire
n’est toujours pas passée devant le tribunal et
rien n’indique qu’elle le sera
jamais.
Qu'à
cela ne tienne. Faute de procès, Jean-Stéphane
Bron, avec l'accord de la
municipalité et des parties civiles, l'a rendu possible pour
les besoins de son
film. Un procès de cinéma, donc, mais pas pour
autant un faux procès. Car tout
y est rigoureusement vrai. Le palais de justice, mis à
disposition par la
ville, le cabinet d'avocats mandaté par elle, les victimes,
les acteurs, les
témoins, et jusqu'à cet intrépide
avocat venu de Chicago pour parler au nom des
banques, qui n'ont pas quant à elles joué le jeu.
Plus
que de jeu, terme bien désinvolte s'agissant d'une situation
aussi dramatique,
il faudrait pour être exact parler de dispositif
cinématographique. Soit une
situation établie par la mise en scène,
à partir de laquelle tout ce qui se
produit relève d'une réalité induite
mais non simulée. A la limite, on peut
penser que le cadre du cinéma ne fait ici que se substituer
à celui,
défaillant, de la justice, d'une manière encore
plus radicale que ne le fait le
genre purement fictionnel du film de procès.
Ce
qui s'y déroule est de fait passionnant, pour deux raisons.
La première tient
dans l'histoire édifiante qui se décante au fur
et à mesure des comparutions.
Vous n'aviez rien compris à la crise des subprimes ? Ce film
la rend claire
comme de l'eau de roche. Il était une fois des banquiers
très riches qui –pour
devenir plus riches encore– inventèrent un moyen
très efficace : accorder des
crédits à taux exorbitants à une
frange de la population démunie et non
solvable ; faire profiter de ces prêts,
regroupés en titres, des
actionnaires séduits par leur
rentabilité ; puis achever la bête en
s'accaparant les biens des créditeurs incapables de
rembourser.
A
Cleveland, ville industrielle sinistrée du Middle West,
vingt mille familles
des quartiers défavorisés, à
majorité noire, ont ainsi été
expulsées du jour au
lendemain de leur maison.
PRESENCE CHARNELLE.
L'autre intérêt du film consiste à
poser ce constat, non sur le mode de la
dissertation économique (comme tant de films
récents), mais à travers la
présence charnelle des principaux protagonistes du drame et
dans le cadre d'une
joute rhétorique. Il en ressort de puissantes figures, et de
vrais effets
dramatiques.
Côté
Cleveland, l'avocat Josh Cohen, homme de grande dignité
habité par sa
mission ; Barbara Anderson, égérie noire
de la lutte ; Keith Taylor,
ex-courtier en prêts hypothécaires repenti qui
explique comment sa profession
grugeait les pauvres gens avec l'aval des banques ; ou encore
le
stupéfiant Michael Osinski, ingénieur
informaticien et inventeur honteux du
logiciel dont les banques se servirent pour mener la planète
à la banqueroute.
Côté
Wall Street, l'inénarrable témoin de la
défense Peter Wallison, ex-conseiller
de Ronald Reagan et chantre toujours convaincu de la
dérégulation du marché,
mais plus encore l'extraordinaire et
méphistophélique avocat des banques, Keith
Fisher. Tout en rondeurs et en esprit, ce maître de la
sophistique capitaliste,
apôtre quasiment allumé de la liberté
d'entreprise définie comme droit naturel,
emporte le morceau, confirmant qu'il ne saurait y avoir de bon film
sans
méchant qu'on soit tout prêt à aimer.
Qui
dit procès, dit enfin jury et verdict. On laissera le
spectateur découvrir l'un
et l'autre, pour ne pas lui gâcher sinon son plaisir, du
moins son édification
morale et civique.
Bref,
un film époustouflant. A voir «séance
tenante».
Cinéma ARENBERG
(26 Galerie
de la Reine)
CLEVELAND CONTRE WALL STREET
France / Suisse 2010 / Durée 98 minutes
Prix d’entrée
6,6 euros y compris pour le débat
(sauf les Article 27)
ATTAC-Bruxelles 1
16 avenue Nouvelle, 1040 Bruxelles
mail : bxl 1@attac.be
— http://bxl.attac.be — tél :
0494 / 808 854