Formation Attac Bruxelles
Mardi 13 décembre 2011 à 19h30
A l’Espace Marx - rue Rouppe 4 à 1000 Bruxelles (près de la place du même nom, près de la station de prémétro Anneessens).
Tout le monde est le bienvenu. La formation n’est pas réservée aux membres d’Attac. Nous demandons un euro d’entrée pour pouvoir financer la location de la salle.
Qui se souvient de la Générale ? Les plus anciens, peut-être et ce n’est même pas sûr. Et qu’est-ce que la Générale ? Une vieille locomotive ? La dernière répétition dans une pièce de théâtre avant la première ?
Vous n’y êtes pas. La Générale, c’était le capitalisme belge. A la fois une institution, le représentant de l’establishment et le symbole du capital financier en Belgique. Créée en 1822, elle était plus vieille que la Belgique même. Dès le départ, elle avait pour but le développement de l’industrie nationale. Et c’est ce qu’elle fit, créant la première symbiose à grande échelle entre la finance et l’industrie. Tout au long du XIXème siècle, la mainmise de la Générale s’étendait sur les activités centrales de l’expansion du pays : mines de charbon, métallurgie et chemins de fer (alors privés). Dans les années 1920, environ un tiers de l’économie belge était aux mains de la banque (car c’était une banque à l’origine).
Mais pourquoi s’intéresser à la Générale ? Pourquoi ainsi remuer le passé ? En quoi cela nous concerne-t-il encore ?
D’abord, la Générale a façonné la Belgique telle que nous la connaissons : une croissance de l’industrie lourde (aujourd’hui la vieille industrialisation) dans le sillon Sambre-et-Meuse ; un passé colonial (peu glorieux) dont Bruxelles garde la mémoire ; l’abandon de la Flandre (qui a pu s’ouvrir après la guerre au capital étranger) ; la domination d’une bourgeoisie francophone qui irrite tout le monde…
La Générale représente aussi la connivence entre le capital et l’Etat dès le début. Certains s’imaginent que la domination du pouvoir politique par la finance date d’aujourd’hui. L’histoire de la Générale montre, au contraire, que cette suprématie remonte même avant la création de la Belgique. La Société Générale est une fondation royale, non pas du roi Léopold 1er, mais de Guillaume 1er d’Orange des Pays-Bas. A la révolution, la Générale faillit disparaître à cause de cela. Tous les administrateurs qui remplacèrent les Hollandais chassés du pays étaient des députés renommés. Et le roi - celui des Belges cette fois - devint le premier actionnaire de la banque. Nombre furent les dirigeants de celle-ci qui devinrent avant ou par la suite des ministres.
Et puis à Attac, on parle beaucoup de financiarisation de l’économie, comme si la prépondérance financière était récente. En réalité, elle est beaucoup plus ancienne. La Générale est la première expérience mondiale de domination du capital financier sur une économie. La banque française qui porte le nom aujourd’hui de Société Générale a choisi cette appellation en référence à sa consoeur belge. Les grandes banques allemandes (dont la Deutsche Bank est l’héritière) ont adopté le modèle de la Générale pour contrôler leur propre industrie nationale.
La formation sera donnée par Henri Houben, économiste et membre d’Attac Bruxelles. Elle est organisée en collaboration avec l’ACJJ (Association culturelle Joseph Jacquemotte).
Pour préparer ou poursuivre la formation, je vous conseille vivement la lecture du livre suivant : Jo Cottenier, Patrick de Boosere, Thomas Gounet, La Société Générale 1822-1992, Editions Aden (EPO), 1989, 351 pages. On trouve cet ouvrage sur le net : La Société Générale 1822-1992 ou La Société Générale 1822-1992 sommaire
NB La société Eternit, condamnée pour son utilisation abusive d’amiante alors même que les méfaits de ce produit étaient connus, est la propriété de la famille Emsens. Mais la Société Générale en a été longtemps un actionnaire minoritaire (environ 5% du capital).