PRÉAVIS DE RÊVES…

La droite, la gauche libérale, les grands médias peuvent feindre de n’avoir rien remarqué. Et continuer à suivre l’étoile du Berger qui guide leurs pas chaque fois que tout, autour d’eux, se déglingue : à crise du marché, remèdes de marché… ! C’est fini tout ça : l’inefficacité de leurs gris-gris habituels (baisse des impôts et des cotisations sociales, précarité plus grande, extension du libre-échange…) est devenue patente.
Affaiblir les syndicats, démanteler les législations sociales, casser les salaires devaient libérer l’esprit d’entreprise et permettre la flexibilité ? Ces politiques ont eu pour effet patent de creuser –plus formidablement encore– les inégalités de toutes obédiences.
L’inégalité, ce n’est pas un mal, rétorquent néanmoins certains libéraux pour qui « la dispersion des revenus » encourage l’initiative, l’innovation, le risque, l’emploi. C’est la vieille rengaine reaganienne d’« une marée montante qui soulève tous les bateaux ». On appelle aussi ce postulat « la théorie du ruissellement ». Pas de chance là non plus. L’an dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (l’OCDE) a calculé que l’enrichissement des plus riches (un groupe qui compte au moins autant d’intermédiaires parasites que de « patrons entreprenants ») avait compromis « la croissance économique à long terme » –là où, au contraire, une amélioration des revenus des plus pauvres l’aurait accélérée.
Idem quand la politique de réduction draconienne des impôts, promue par Ronald Reagan pour relancer l’économie, fut imitée par les commandeurs de l’Union européenne et leurs Directives intégristes. Las, l’hebdomadaire britannique The Economist, bible du libéralisme mondial, vient de concéder que « les prévisions selon lesquelles la réduction des impôts générerait assez de croissance pour être autofinancée semblent un peu irresponsables aujourd’hui ». Trente ans de matraquage néolibéral flanqués par terre…
Entre les gouvernants inféodés à la mondialisation « heureuse » et la gauche de résistance, le divorce est consommé. Il s’observe dans les urnes, il s’observe dans la rue. Le statu quo et ses hommes sont rejetés, leur assise politique se réduit. La certitude que ce système est devenu irréformable, que les inégalités ne peuvent que s’y creuser, que les crises ne lui apprendront rien, infuse désormais dans toute la société. Ce numéro survolté d’Angles d’Attac [le journal illustré d’Attac-Bruxelles 1] en porte témoignages…

ACHTUNG, BITTE [Coralie SCHAUB]
Comment lutter pratiquement contre le réchauffement climatique ? En Allemagne, les activistes montrent la voie –en revendiquant des formes nécessaires de désobéissance civile pour enrayer l’usage des énergies fossiles. Quitte à aller au charbon.

TRAVAIL QUE VAILLE [Laurence ANGELLI]
Une peste. Partout, le projet sociétal prescrit par l’Union européenne amène les Etats-membres à pulvériser les normes, les statuts, les salaires, les conditions et le temps de travail.

ALERTE [Stefan KANFER)
L’archipel des paradis fiscaux compte une centaine de places fortes. Qui abritent 18.000 milliards de dollars, gérés par 4.000 banques et 2,4 millions de sociétés-écrans. Par elles transitent 50% des flux financiers et du commerce planétaire. Rouage indispensable du capitalisme mondialisé, toléré par les Etats depuis des décennies, ce racket international est –enfin– l’objet de la vindicte publique.

« C’EST UN ORDRE ! » [Jean FLINKER]
Pour faire respecter « la paix publique », l’Etat a –dit-on– le monopole de la force et de la violence « légitimes ». C’est à quoi s’emploie le Commissaire divisionnaire de la zone « Bruxelles-Ixelles ». Un policier de caractère –limite « caractériel »…

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