1. « NOS PREMIÈRES ARMES » [Jean FLINKER]
Aux États-Unis, la colère noire vient de loin. Elle n’a jamais été un simple mouvement d’humeur. Mais, la rébellion des dominés aura été –jusqu’à la moitié du 20ème siècle– une affirmation incohérente contre un pouvoir colonial à la brutalité extrême.
Dès 1964 pourtant, les révoltes qui enflamment les grandes villes américaines mettent en évidence l’impuissance du Mouvement pour les droits civiques : les protestations non-violentes menées par les partisans du révérend Martin Luther King ont épuisé toute leur pulsion contestataire. Le combat contre la ségrégation raciale a finalement démontré son incapacité à alléger –de quelque mesure que ce soit– le fardeau de la population noire. Les quartiers des grandes villes, où est relégué un prolétariat sans avenir, deviennent alors les lieux de la dissidence. Car les ghettos sont à la fois un ferment, un paradoxe, et un dilemme. C’est « l’espoir » et le désespoir, l’église et le bistrot. La stagnation y cohabite avec la virulence. On y trouve courage et défaitisme, solidarité et solitude, soupçon et rivalité.
Autant dire qu’avec la défaite de la stratégie gradualiste de désobéissance passive, il y a –à ce moment-là– un vide politique énorme à combler.
En 1966, le Parti des Panthères noires commence à faire parler de lui –dans la dure agglomération ouvrière d’Oakland en face de San Francisco, de l’autre côté de la baie.
Et tout à coup, l’Histoire va s’accélérer.
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