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Palme d’or au festival international de Cannes

Fahrenheit 9/11 (11 septembre)

Le film du Michael Moore

par Henri

Deux heures de bon spectacle, pour une cause qui en vaut la peine : la dénonciation de la politique de l’administration Bush, mais plus largement des élites américaines.


La plus grande démocratie du monde ?

Si vous n’avez pas encore vu le film de Michael Moore, « Fahrenheit 9/11 », on ne peut que vous conseiller de le visionner. Si vous ne connaissez que très peu l’affaire du 11 septembre 2001, si vous suivez peu la politique américaine depuis lors, c’est une excellente introduction à ce sujet, qui a des répercussions majeures sur le monde. Si, par contre, vous êtes au courant des dessous de la stratégie de Bush et de la Maison Blanche, ce film ne vous apprendra sans doute rien (ou pas grand-chose). Malgré tout, il vaut le détour, rien que pour la manière dont le réalisateur présente de façon accessible et cinématographique son propos. Certains diront même démagogique...

Primé par la palme d’or au prestigieux festival de Cannes, ce documentaire retrace des événements de la politique américaine, depuis les attentats du 11 septembre 2001, à partir du vécu de certaines personnes. Il est réalisé, en premier lieu, à l’intention des Américains, pour qu’ils se rendent compte de ce qui se passe dans leur pays. Il montre le fossé entre l’élite politique et économique, étroitement liée, d’une part, et la population et les citoyens, qu’ils soutiennent ou non la stratégie de guerre de la Maison Blanche, d’autre part.

Michael Moore a l’art de promener sa caméra là où il ne faut pas, suivant le président Bush ou traînant dans les congrès des industries de la Défense. Surtout, il parvient à montrer les contradictions entre les paroles toutes démagogiques des dirigeants américains et la réalité : la démocratie face aux gens, tous de couleur de peau noire, qui n’ont pu voter correctement lors des élections présidentielles de novembre 2000 et qui ont vu la Cour constitutionnelle déclarer Bush vainqueur au terme d’un comptage des voix très douteux (un fait sans précédent aux Etats-Unis) ; l’indépendance vis-à-vis des intérêts saoudiens et du complexe militaro-industriel, alors que l’ambassade du Royaume arabe est super-protégée et que les responsables américains (dont la famille Bush) sont intimement liés à des firmes d’armement (ou qui le financent, comme le Carlyle Group) ; le soutien à la guerre contre l’Irak face aux morts de ce conflit, surtout depuis que Bush a déclaré que la guerre était officiellement terminée ; la surveillance de groupes pacifiques au nom de la lutte contre le terrorisme...

Résultat : le film alterne les moments véritablement drôles avec d’autres d’intense émotion. Michael Moore parvient ainsi à intégrer la forme et le fond, un pari toujours difficile dans le cinéma et l’art en général. Un pari réussi.

Henri Houben


SPIP