Le 7 novembre 2003, Bruxelles emboîtait le pas aux actions antipublicitaires que connait le métro parisien. Une petite vingtaine d’activistes ont barbouillés les publicités de 8 stations de métro, recouvrant les publicités tapageuses dans la bonne humeur et sans rencontrer de force de l’ordre. L’opération, à Paris comme à Bruxelles, fut un succès.
Le vendredi 28, une nouvelle opération était mené à Paris. Près de 1000 personnes se sont retrouvées pour répondre à l’appel au recouvrement des espaces publicitaires du Métro. Un nombre comparable d’agents des forces de l’ordre a été mobilisé pour étouffer la contestation. Ils procédèrent à 276 interpellations sur la voie publique, au motif d’attroupements
illicites. Seuls 25 quais ont pu être investi, les affiches publicitaires maculées de peinture subversive.
Une fois de plus et au mépris des libertés fondamentales, les forces de l’ordre ont été mises au service des puissants. Défendons le droit de chacun à faire entendre sa voix, résistons à l’agression publicitaire, porte-voix de la société de consommation.
Pour en savoir plus : RAP-Belgique
(Résistance à l’agression publicitaire )
rap@antipub.be
Le Monde 27.11.03
Les actions contre les affiches se multiplient. En réponse, les publicitaires affirment que leur travail ne sert pas que la consommation, mais aussi, par exemple, des intérêts de santé publique.
Des militants anti-publicité se sont donné rendez-vous, vendredi 28 novembre au soir, dans le métro parisien, pour une opération de barbouillage des affiches. Dénonçant la "marchandisation de la culture et des esprits", ils n’en sont pas à leur coup d’essai. C’est leur troisième opération, depuis leur première action surprise, le 17 octobre.
Ce jour-là, plus de 200 personnes, intermittents du spectacle, étudiants, professeurs, chercheurs, militants ou simples sympathisants, ont quadrillé les lignes de métro. Marqueurs et pots de peinture en main, ils ont recouvert les publicités le long des quais. Très calmes, organisés, les bataillons partis de différents points de la capitale ont des consignes strictes, comme celles de ne pas dégrader le matériel ou de rester groupés en cas d’intervention policière. Leurs slogans, dont "La pub nuit à votre santé", ont été visibles plusieurs jours aux yeux des usagers du métro. Le 7 novembre, les militants, plus nombreux, récidivaient.
Métrobus, filiale du groupe Publicis et régie publicitaire de la RATP, a réagi en déposant plainte contre X... Elle a aussi décidé d’assigner en référé l’hébergeur de sites Internet Ouvaton, où les "anti-pub" avaient élu domicile virtuel, pour obtenir les noms des commanditaires. Le juge des
référés devrait se prononcer lundi 1er décembre sur la question.
Entre-temps, le site Internet www.stopub.tk, qui appelle au ralliement vendredi, a déménagé. De son côté, la police a procédé à une quarantaine d’interpellations. "Je ne m’interdis pas d’attaquer ceux qui ont incité à commettre cette action", affirme Gérard Unger, président de Métrobus, qui chiffre le coût des dégradations à près de 1 million d’euros, en tenant compte des dédommagements et des frais de nettoyage.
dérives sexistes
Cette opération commando a surpris par son ampleur. Elle s’inscrit dans un courant qui inquiète les publicitaires. Depuis quelques années déjà, des associations luttent contre la publicité. A l’instar de Résistance à l’agression publicitaire (RAP), par exemple, ou de Casseurs de pub, dérivé de l’association canadienne Adbuster, qui prône une journée sans achat, samedi 29 novembre. D’autres, comme La Meute, dénoncent systématiquement les dérives sexistes des publi-cités. Enfin, Paysages de France s’en prend aux "affiches et enseignes qui ne respectent pas l’environnement", selon Pierre-Jean Delahousse, qui a créé l’association grenobloise en 1992. "Nous voulons que l’affichage publicitaire respecte les réglementations en vigueur", poursuit-il. Attaqué par l’afficheur Défi, filiale du groupe Clear Channel Communication, pour diffamation, en août 2002, Paysages de France est entré dans un bras de fer juridique avec ce groupe. Dernier épisode en date, le 5 novembre, le tribunal de grande instance de Dinan (Côtes-d’Armor) a donné raison à l’association qui demandait le démontage de panneaux publicitaires installés à proximité du site classé de la Rance.
L’afficheur a fait appel.
Dans ce concert, Oliviero Toscani, qui a signé les campagnes publicitaires très controversées de Benetton, avant d’être remercié en 2000, ajoute sa note : "Je déteste la publicité, comme elle est conçue ; elle est cannibale, elle tue les cultures locales. Ce sont les gens de l’économie qui décident, c’est pour cela qu’il n’y a pas de créativité", déclare le photographe italien, qui n’est pas à une contradiction près, puisqu’il a accepté de présider le jury du Festival du film publicitaire de Méribel (Savoie) en décembre.
Les publicitaires sont sensibles à ces critiques et à l’écho qu’elles reçoivent dans l’opinion publique et auprès des jeunes diplômés, moins enclins à rentrer dans la profession. Ils n’ont pas manqué de donner une réponse à leurs détracteurs en décernant, mercredi, à l’occasion de la Semaine de la publicité, le prix Effie 2003 de l’efficacité publicitaire à la campagne antitabac conçue par l’agence BETC-Euro RSCG. En juin 2002, un message avait été diffusé dans la presse et à la télévision : "Des traces d’acide cyanhydrique, de mercure, d’acétone et d’ammoniac ont été décelées dans un produit de consommation courante. Pour plus d’informations appelez gratuitement le 0800 404 404." Les gens s’étaient rués sur leur téléphone
pour découvrir que ce produit n’était autre que la cigarette. L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) a chiffré à un million le nombre d’appels téléphoniques suscités.
"C’est une campagne intéressante, car elle met en scène une information qui n’était pas connue des consommateurs", souligne Rémi Babinet, directeur de la création de BETC Euro RSCG et nouveau président du Club des directeurs artistiques. D’autres campagnes primées avaient également pour objectif paradoxal une baisse de la consommation, en particulier celle de l’agence Australie pour l’assurance-maladie, destinée à limiter la prescription d’antibiotiques, avec le slogan "Les antibiotiques, c’est pas automatique".
Laurence Girard
Publicité pour la climatisation et les 4x4 : ça suffit ! ! ! anti4x4
Paris, le 04 novembre 2003 : À l’occasion du lancement de la campagne " La publi-cité véhicule un message polluant. ! ", Agir pour l’Environnement en partenariat avec Attac, Greenpeace, le R.A.C., Paysages de France, R.A.P., la Fnaut, les Amis de la Terre, Casseurs de pub, la Ligue de l’enseignement, Action Consommation. a interpellé les ministres des Transports, de l’Éco-logie et le secrétaire d’état à la Consommation afin qu’ils s’attachent à rapidement interdire les publicités au contenu délibérément anti-écologique.
Alors que le dérèglement climatique fait déjà ressentir ses effets catastrophiques partout sur la planète, la publicité prolonge cette spirale infernale en vantant les mérites de 4x4 à usage urbain, surpuissants et climatisés, dont la consommation croît aussi vite que le nombre de panneaux publicitaires affectés à leur promotion.
Afin de lutter efficacement contre le dérèglement climatique, une information claire relative aux consommations et aux émissions de C0² et fluides frigorigènes hydrofluorocarbones par le biais d’un étiquetage précis devrait être apposée sur tous les véhicules et publicités afférentes. Ces informations doivent intégrer les consommations moyennes en milieu urbain, climatisation en fonctionnement, de façon à ne pas minorer l’impact de telle ou telle option énergétivore. À partir de cet étiquetage, une taxe dissuasive proportionnelle aux émissions de gaz à effet de serre, type vignette, devrait frapper les véhicules classés dans les catégories les plus polluantes
L’ensemble des véhicules à quatre roues motrices doivent immédiatement être surtaxés et interdits des centres urbains.
Les dix 4x4 les plus vendus en France émettent en moyenne 350g de CO² par kilomètre. En fin de vie, les 75.000 véhicules à quatre roues motrices vendus en 2003 auront rejeté plus de 5 millions de tonnes de CO² dans notre atmosphère !
La climatisation, qui équipe d’ores et déjà 3 véhicules sur 4, risque d’induire une augmentation supplémentaire de 35% de la consommation en zone urbaine. Le laisser-faire actuel du Gouvernement est inconséquent et reflète un véritable double langage que les associations dénoncent ! Quand la maison brûle, il est irresponsable de jeter de l’essence sur les flammes en espérant éteindre l’incendie.
Les partenaires de la campagne " La pub véhicule un message polluant. ! " réclament la publication immédiate du décret (prévu à l’article L.224-1 du Code de l’Environnement) prévoyant " les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d’informations commerciales relatives à l’énergie ou à des biens consommateurs d’énergie lorsqu’elles sont de nature à favoriser la consommation d’énergie". Ce décret devrait être publié depuis plus de 8 ans ! ! !
Ceux et celles qui voudraient travailler à relayer cette campagne en Belgique sont invités à prendre contact avec le bureau de RAP-Belgique.