par
Danuta Hübner est la nouvelle commissaire européenne à la Politique régionale. Dans une interview accordée conjointement au journal économique français La Tribune et au quotidien néerlandais Handelsblatt, elle dévoile une partie de la philosophie économique de la nouvelle Commission : « Dans la plupart des cas, les délocalisations ne sont en fait qu’un transfert partiel d’activités, une externalisation limitée vers un lieu où les coûts de production sont inférieurs. Cela renforce la société même, dont le siège reste en France ou en Allemagne, par exemple. Prévenir les délocalisations, les stopper par des règles artificielles travaillerait donc contre la compétitivité des entreprises. Ce que nous devons faire, au contraire, c’est faciliter les délocalisations au sein de l’Europe. Ainsi les sociétés européennes seront globalement plus fortes car elles pourront abaisser leurs coûts. Si nous ne le faisons pas, les délocalisations se dirigeront vers l’Inde ou la Chine » [1].
.
Les fameux coûts dont la commissaire polonaise se réjouit la baisse sont, faut-il le rappeler, des revenus pour des millions de salariés. Les délocalisations qu’elle prône encouragent la concurrence entre travailleurs. De cette façon, pour obtenir le travail, chacun est poussé à travailler davantage pour moins et ce, que la compétition soit entre l’Europe et la Chine ou entre pays européens.
C’est face à cette concurrence dévastatrice du début du capitalisme qui conduisait à la misère des salariés, parce que chacun était isolé face au patron, que ceux-ci se sont organisés progressivement en syndicats. Il est temps que de mêmes organisations voient le jour sur le plan international pour remplir ce rôle de représentant collectif des travailleurs face aux multinationales.
Henri Houben
[1] La Tribune, 8 février 2005.