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Jeudi 9 février à 21 heures 30, à l’Arenberg

Le Passage des Andes

Un film choc sur la révolution bolivarienne de Thierry Deronne

Le Cinéma d’attac
jeudi 9 février à 21 heures 30, à l’Arenberg
en grande avant-première...

Le Passage des Andes

de Thierry DERONNE

UN FILM-CHOC SUR LA RÉVOLUTION BOLIVARIENNE,
LE PRÉSENT DU VÉNÉZUELA ET L’AVENIR DE L’AMÉRIQUE LATINE

Dès 20 heures 30, LE DÉBAT :

« NOUVEAUX DÉFIS POUR L’ALTERMONDIALISME : CE QUI A ÉTÉ DÉCIDÉ, FIN JANVIER, AU FORUM SOCIAL MONDIAL DE CARACAS » avec Paul-Emile DUPRET du Collectif « Venezuela 13 avril » et François POLET (chercheur au Centre Tricontinental de Louvain-la-Neuve)

Prix d’entrée unique : 5,2 euros (y compris pour le débat).


Le Passage des Andes a été tourné au Venezuela entre 2004 et 2005. Le pays est alors porté par un immense mouvement populaire, un processus de transformation sociale de type nouveau –la révolution « bolivarienne ». Un rêve d’émancipation, qui tente de réaliser les rêves d’indépendance et d’égalité ayant motivé Simon Bolivar à traverser les montagnes andines en 1819 –à la tête d’une armée d’esclaves noirs, de paysans sans terre, et de va-nu-pieds. Alors qu’en Europe la Sainte Alliance vient de rétablir l’ancien ordre despotique et les monarchies décaties, les Vénézuéliens cherchent à libérer les peuples encore soumis au joug espagnol et à fonder (de Caracas à Lima) une vaste République des Égaux…

Le documentaire de Thierry Deronne fonctionne donc sur cet aller-retour permanent, en questionnant le présent impatient et le temps de Bolivar : « Qui sommes-nous aujourd’hui ? », « Quelle république voulons-nous construire ? », « Quelles Andes se dressent face à nous ?… Et comment le dire, sous quelle forme cinématographique ? » . Ce n’est pas évident. Dans le marché télévisuel actuel, produire un documentaire politique est pratiquement impossible. Soumis aux castings affairés et aux exigences affairistes des Festivals du cinéma commercial, les producteurs ne veulent voir de l’Amérique du Sud que les mêmes catégories du voyeurisme convenu : enfants des rues, indiens primitifs, généraux putschistes, rois de la salsa, musiciens caraïbes. Bref, des images en circuit fermé, à l’usage d’un Occident qui n’a guère bougé –des Sauvages des Indes galantes de Rameau aux indiens Picaros découverts par Tintin et Milou. Dans ces conditions, la construction lente et pacifique d’un État par des millions de citoyens ne les intéresse pas.

RÉPUBLIQUE DES HUMILIÉS. Dans ce film éblouissant, le réalisateur fait volontiers usage des voix off, à commencer par celle d’un Bolivar angoissé et visionnaire, dont les mots semblent prononcés il y a une minute. Bolivar hanté par le peu de temps et les distances énormes, ennemis de la fondation des Républiques (comment passer les Andes si manque le bétail, si les chevaux font défaut, si la pluie mouille les cartouches, si les lettres n’arrivent pas, s’il n’y a plus d’argent, s’il faut ramasser les cadavres ?)… Bolivar ? C’est quand même bien lui qui crée le concept d’une République devant d’abord servir à soigner les blessures, pour construire une véritable égalité entre citoyens, pour permettre leur croissance morale et intellectuelle jusqu’à la création d’une fédération de peuples frères. C’est la République comme besoin des peuples humiliés.

Mais comment définir la révolution bolivarienne présente ? En novembre 2005, le président Chavez déclare à la presse : « Nous sommes les authentiques héritiers d’une pensée et d’une action. Bolivar n’avait pas d’idées toute faites lorsqu’il a traversé les Andes, lorsqu’il s’est uni au peuple colombien et a contribué à libérer l’Equateur, ni lorsqu’il a poursuivi vers le Pérou et s’est uni à San Martin. Aucun d’eux n’a fait de calculs capitalistes. Ce n’est pas notre cas non plus, et il en restera ainsi » .

Le film décrit donc la naissance d’une République neuve, fraîche, inclusive, participative, activiste, anticapitaliste. Aux racines paysannes et chrétiennes, indigènes et africaines, rousseauistes et utopiques... Une République qui se réfère à Ezequiel Zamora, à José Martí, à Sandino. Augusto César Sandino ? C’est dans les montagnes de El Chipote et ses hauteurs mythiques que ce dernier réussit à résister au « Colosse du Nord » et à forger une pensée anti-impérialiste.

ARMÉE DU PEUPLE. Le Passage des Andes montre aussi un type de soldats qu’on ne voit jamais dans les médias européens. Parmi eux, Jesse Chacón, actuel Ministre de l’Intérieur et de la Justice, qui participa à l’insurrection bolivarienne de 1992. Un soldat de la nouvelle République. Un ministre conscient de ce que signifie être serviteur public, lui qui est originaire de Catia, un vaste quartier populaire révolutionnaire. Or, sans ces soldats, comment défendre la révolution ? Sans eux, pas d’entreprises récupérées par les travailleurs, pas de médias associatifs légalisés, pas de terres remises aux paysans pauvres, pas de territoires indigènes enfin démarqués. Du coup, cette révolution pacifique, progressive, on la devrait moins aux clubs de gauche –toujours méfiants envers le peuple– qu’à ces militaires d’extraction populaire qui parvinrent à sauver la Patrie plus d’une fois. Pour Chavez en effet, l’armée vénézuélienne –fondée par Bolivar à des fins purement libératrices– doit rester avant tout un outil d’émancipation, jamais de répression. Aujourd’hui, cette inclination bourgeonne à travers la participation massive des soldats dans les programmes de santé ou d’alphabétisation. Même si, pour un Européen, l’image du militaire latino-américain reste associée à celle de Pinochet ou de Videla…, au Venezuela, les pires violeurs des droits de l’Homme furent des présidents civils comme Carlos Andrés Perez qui fit assassiner des milliers d’habitants de Caracas révoltés en 1989 contre les mesures du FMI.

Pour le belge Deronne –journaliste indépendant résidant au Venezuela depuis 1984–, il y a encore « beaucoup d’Andes devant nous. Externes : l’agression médiatique mondiale, la stratégie nord-américaine. Internes : la contre-révolution bureaucratique qui veut s’emparer des ressources pétrolières et éliminer Chavez –en associant son nom à la violence, au chaos, à l’ingouvernabilité » . C’est le contraire qui a lieu, même si tout est organisé par la classe patronale et compradore pour contrarier cette réalité.

RETOUR VERS LE FUTUR. Or, grâce aux Vénézuéliens, la politique est redevenue une aventure, « une marche vers l’inconnu, vers un socialisme qui n’existe pas encore » . Dans ce saisissement, cette volonté d’agir sur le réel, se construit un vrai humanisme, où la population devient « le peuple » –un peuple qui libère lui-même ses territoires, crée des comités de terre urbaine, ouvre Mercal (marchés) et cantines populaires, occupe usines et écoles, ou contrôle les hôpitaux. Et surtout s’en va étudier (le quadruple programme d’alphabétisation, d’accès facilité au lycée et à l’université, de formation professionnelle… mobilise actuellement près de quatre millions de citoyens de tout âge, essentiellement des secteurs populaires). Le Venezuela, aujourd’hui, c’est aussi ce bruissement de citoyen(ne)s qui vont et viennent, cahier sous le bras, au cours du soir. Quand on compare cette lente construction d’un Etat, par des millions de citoyens, avec ce qui se passe en Colombie ou en Haïti…

À la différence des médias occidentaux toujours prompts à occulter et à ne jamais enquêter sur les transformations sociales qui changent la vie de millions de Vénézuéliens, Le Passage des Andes est un film-vérité. Dont le sujet social central n’est pas la classe moyenne (10 à 15 % de la population), mais 80 % de personnes éminemment pauvres.

« Qui sont aujourd’hui ces citoyens ? Quels sont leurs doutes, leurs difficultés, leurs rêves ? Quelle République s’ouvre au-delà ? Quelle forme décrira leur marche sans fin ? » . À travers ces questions concrètes, Le Passage des Andes cherche à interpeller tout un chacun : « Comment devenir libres ? » .

Le Passage des Andes

LA RÉVOLUTION BOLIVARIENNE,
LE PRÉSENT DU VENEZUELA ET L’AVENIR DE L’AMÉRIQUE LATINE

Réalisation : Thierry Deronne. Belgique / Venezuela 2005. Durée : 67 minutes.


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