Cinéma d’Attac, en avant-première
jeudi 15 juin à 21 heures 30 à l’Arenberg
Au cinéma Arenberg (26 Galerie de la Reine),
En avant-première…
« La Quatrième Guerre Mondiale »
de Rick ROWLEY
Un reportage explosif sur les nouveaux mouvements sociaux partout dans le monde…
Dès 20 heures 30, le débat :
« Nouveau défi pour la gauche : comment unir les résistances ? »
avec Jean BRICMONT (professeur à l’UCL), auteur de « Impérialisme humanitaire, droits de l’Homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ? » (aux éditions ADEN),
François HOUTART, Président du Centre Tricontinental de Louvain-la-Neuve
et Frédéric LEVEQUE, coordinateur du RISAL (Réseau d’Information et de Solidarité avec l’Amérique latine)
Prix d’entrée : 6,2 euros y compris pour le débat (sauf les Article 27)
USA 2004. Durée : 75 minutes.
À New York, le A31 (le 31 août), des dizaines de groupes multiplient les actions-éclairs et partent à l’abordage des symboles du pouvoir, comme la firme Carlyle (premier fournisseur d’armement en Irak) ou Fox News, la télé-poubelle pro-Bush. Autant de Temporary Autonomous Zones ou « Zones autonomes temporaires » qui vont bloquer, à leur manière, chaque déplacement des délégués de la Convention républicaine 2004. « Cette fois, rien n’est vrai, tout est permis » , décrètera l’écrivain-activiste Hakim Bey. Idem pour Angela Coppola (du groupe de théatre-action the GreeneDragon) : « Notre but ? Que les Républicains arrêtent de vivre avec l’idée que ce qu’ils font est acceptable » . Mais dans les Zones autonomes, il y a aussi l’idée de « moments ponctuels, limités dans le temps » : toute la journée, les pirates urbains vont saborder les îlots de liberté qu’ils ont eux-mêmes créés –avant que la police ne les embarque. Leur mot d’ordre : « Frapper puis disparaître ».
Tous ces événements incandescents, ces soulèvements innovateurs et sensationnels, un film est là qui les recense. Car pour tous les altermondialistes, qui ont eu la chance de le voir, « La Quatrième Guerre mondiale » est l’équivalent du film de Michael Moore « Farenheit 9/11 ». Sauf que son réalisateur Rick Rowley a parcouru la planète pendant deux ans à la recherche des zones autonomes temporaires qui ont réussi. « The Fourth World War » ? Ce film-culte, surligné par les chansons de Manu Chao, suit les mouvements de résistance à la globalisation –du Chiapas à la Corée, en passant par Gênes.
« La Troisième Guerre mondiale, la guerre froide, était encore articulée autour de la logique d’Etat » , explique Rick Rowley. « Beaucoup des gouvernements qu’on a filmés ont traversé des décennies de lutte pendant lesquelles ils ont appris, dans la douleur, que l’Etat ne pouvait plus les défendre contre le capital. Aujourd’hui, on ne peut même plus imaginer qu’on a le choix de vivre en dehors de la guerre : la guerre est partout ».
Ce sont les Zapatistes qui ont donné le nom de « Quatrième Guerre mondiale » aux dégâts causés par la globalisation. Or « The Fourth World War » –réalisé grâce à un réseau international de médias indépendants– est fort ironiquement un pur produit de la mondialisation, tant par son contenu que par son processus de création. Filmé simultanément aux premières lignes des conflits au Mexique, en Argentine, en Afrique du Sud, en Palestine, en Corée, en Afghanistan et en Irak, ce film engagé témoigne des luttes que mènent des hommes et des femmes contre l’oppression, l’injustice et la violences qui leur sont imposées.
« La Quatrième Guerre est une tentative inédite de rompre avec cette distance politique et culturelle qui existe entre les cinéastes et la population qui se rebelle. En ce sens, notre caméra participe aux événements qu’elle filme : elle n’est pas en position d’extériorité ; tout au contraire, elle plonge le spectateur au sein du conflit. Nous regardons dans le canon d’un M16. Nous rompons des lignes de fronts. Nous sommes sur des barricades et courons à travers des rues asphyxiées de gaz lacrymogène. Au milieu des décombres du camp de réfugiés à Jenin, on s’est fait tirer dessus par des chars israéliens. Nous avons vu la vie et côtoyéla mort comme jamais les médias ne le permettront ».
Un parti-pris unique : durant la réalisation du film, ses auteurs (Jacqueline Soohen et Rick Rowley) ont été maintes fois matraqués et gazés par la police. Leurs caméras ont été détruites à Gênes, à Washington D.C. et au Québec. En Italie, à Bagdad, en Israël et en Afrique du Sud, ils ont été arrêtés et emprisonnés à de multiples reprises. On l’aura compris. « The Fourth World War » traite de façon incroyable la guerre sournoise que les États –en concomitance avec les grands groupes financiers et industriels– livrent sans cesse contre les intérêts et les besoins des citoyens du monde.
Dans ce sens, il s’agit d’un reportage-choc dont nous sommes tous (même si on ne s’en était pas encore rendu compte) les figurants ou... les acteurs.
Jean FLINKER