Cinéma d’Attac et le magazine Strip Tease
Jeudi 17 mai 21h30 à l’Arenberg
LE JEUDI 17 MAI à 21 heures 30 à l’ARENBERG, le CINÉMA d’ATTAC et le magazine STRIP TEASE, pour la première fois associés, présentent
JUSTICE DE BOIS, JUSTICE AUX ABOIS
de Philippe DUTILLEUL
Absolument ignorés des grands médias, une poignée d’hommes et de femmes intrépides continuent de s’opposer à la mise à sac de toute une forêt. Située à trente kilomètres à peine de Bruxelles.
Un reportage époustouflant, souvent drôle, toujours juste et brillant. Avec, dans les rôles principaux, de faux socialistes, de vrais libéraux et des écologistes qui n’appartiennent pas à Ecolo. Un véritable thriller politique et environnemental à voir absolument… avant les élections du 10 juin !
Cinéma ARENBERG (26 Galerie de la Reine)
BELGIQUE 2005. Durée : 62 minutes. Prix d’entrée : 6,6 euros y compris pour le débat (sauf les Article 27).
Dès 20 heures 30, LE DÉBAT
« TOUS MILITANTS, TOUS HORS-LA-LOI ? »
avec, notamment, PETER DE SMET (Directeur général de Greenpeace), MATTHIEU BEGHIN et LIEVIN CHEMIN (activistes anti 4 x 4), l’avocateSELMA BENKHELIFA (Progress Lawyers Network), TOM GRIMONPREZ (Attac) et BAHAR KIMYONGÜR (membre du CLEA)…
Flobecq, sa nature, ses scandales… Depuis la fin des années 90, la décharge du Radar y sert de décor et de dépotoir à un polar environnemental sensationnel. D’un côté, le propriétaire du bois de la Houppe, Marcel Fort, décidé à massacrer des milliers d’arbres et la sablière pour y entreposer des tonnes de détritus et continuer son business dégueulasse. D’un côté, pour lui venir en aide, l’ensemble du personnel politique (le ministre PS Ruddy Demotte ; le maïeur faisant fonction Philippe Mettens ; l’ancien ministre social-chrétien Guy Lutgen et son successeur, le libéral Michel Foret), plus la police et les huissiers… : tous ligués.
De l’autre, des riverains, des défenseurs de la nature. Obstinés et héroïques.
EMPOISONNÉS. Flobecq, commune francophone du Hainaut, juste à l’orée de la frontière linguistique. Au hameau de la Houppe se trouve un ancien lieu touristique. Avant, on pouvait y faire des promenades enjouées dans les bois environnants, et y déguster une bonne bière, la Quintine, brassée dans la région. A la Houppe, vous pouviez découvrir de splendides hêtraies ainsi que le point culminant des Ardennes flamandes, le Pays des Collines. Ces temps semblent révolus, plombés et définitivement salopés, puisque la société anonyme « Fort-Labiau » a pris le hameau à la gorge. Merde : dès 1990, le baron des déchets y avait reçu, de la Région wallonne, carte blanche pour transformer ce petit paradis en enfer.
Depuis, le Mont de Rhode a été complètement creusé et exploité comme sablière ; promeneurs et touristes sont chassés des sentiers jusque-là publics ; les espèces animales disparaissent : Marcel Fort poursuit ses activités salaces sous l’oeil bienveillant des autorités. C’est peu dire : tous les jours, le hameau subit le ballet incessant des camions venus de Flandre, avec des déchets empoisonnés interdits d’entreposage sur le sol flamand.
Ahurissant : grâce à l’activisme obstiné et fringant de quelques dizaines de riverains et de militants, les autorités ont dû publiquement s’engager à mettre en oeuvre les nouveaux décrets en matière environnementale. Des promesses « bidon ». Les responsables politiques, toutes tendances fondues et confondues, n’arrêtent pas de tergiverser, de se renvoyer la balle, de contester leurs compétences respectives, d’en appeler au Conseil d’État, de prendre des décisions qu’ils s’empressent de ne pas appliquer… Entre-temps, l’exploitation continue en toute illégalité avec son carrousel tonitruant de camions-benne. Qui plus est : la commune de Flobecq continue elle-même à faire usage de la décharge et de la sablière –alors que, sous la pression des militants de l’association Patdagach, elle avait été obligée d’aller en justice pour contraindre l’entreprise Fort-Labiau à réhabiliter le site et à cesser ses activités destructrices.
COPAIN-COPAIN. Durant trois années, l’émission Strip Tease a donc tout suivi, tout filmé, tout emmagasiné sans lésiner. Résultat ? Epoustouflant. L’équipe de Philippe Dutilleul suit Marcel, le fort en gueule, dans son « chez lui », au bistrot, dans ses boiseries, au champ de course (« Les écologistes ? Faut faire comme Hitler avec les Juifs : crématoire ») ou, au volant de son véhicule, décidé à sciemment écraser desjeunes gens qui barrent l’accès à la décharge illégale. Mais « Justice de bois, justice aux abois », c’est aussi des plans-séquences surréalistes où l’on découvre en direct les conversations complices entre l’entrepreneur-délinquant et le bourgmestre de Flobecq ; les réunions du gouvernement wallon qui tiennent plus de la coterie que de la « bonne gouvernance » ; ou la résistance écrasée, par les hélicoptères de la gendarmerie, d’écologistes attachés à la cime des arbres qu’ils se refusent à voir dépecer.
En ce sens, le reportage de Dutilleul n’est pas seulement un hymne magnifique à la rébellion citoyenne : sans tralala, « Justice de bois » fait découvrir aux spectateurs éblouis et épatés ce qu’est la vraie politique, les connivences entre pouvoirs, et la démocratie de carton.
JeanFLINKER