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Editorial Angles d’Attac janvier 2008

2008, l’année de toutes les paniques ?

par Henri

Il est de coutume en ce début d’année nouvelle de présenter ses voeux de bonheur, de santé et de prospérité. C’est certainement ce que le secrétariat d’Attac Bruxelles 1 souhaite à ses membres et à toutes les populations de la planète, salariés, paysans, chômeurs, exclus, jeunes, personnes âgées, hommes et femmes...


Néanmoins, force est de constater que 2008 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Il ne s’agit nullement de parler encore de la difficile formation d’un gouvernement en Belgique et du risque de séparation communautaire. Non que cela nous réjouisse, mais il y a un danger plus gigantesque encore qui menace le monde entier : la crise économique entamée dans l’immobilier américain et qui qangrène la finance internationale avant de porter ses effets sur l’ensemble de l’économie.

Bon nombre d’experts la craignent et surtout redoutent son ampleur. Ainsi Geert Noels, économiste en chef chez Petercam, déclare : « Cette crise va encore faire des vagues pendant longtemps. Le nombre de défauts de paiement aux USA est très important non seulement dans les hypothèques à risque mais aussi dans les hypothèques ordinaires. Et quand les gens ne sont plus capables de payer leur maison, ils ne peuvent vraisemblablement plus non plus rembourser leur prêt auto ou apurer les soldes négatifs de leurs cartes de crédit. Beaucoup de ménages américains se retrouvent ainsi pris au piège dans un carrousel de dettes »  [1]. Patrick Artus, spécialiste de la banque Natixis, mais également membre du conseil d’analyse économiste attaché au président français, Nicolas Sarkozy, renchérit : « Le pire de la crise est vraiment devant nous »  [2]. Dick Berner, économiste en chef de la banque Morgan Stanley, considéré habituellement comme un optimiste et très écouté à Wall Street, avoue : « Les consommateurs sont face à un avis de tempête »  [3]. Jusqu’à Alan Greenspan, l’ancien président de la Federal Reserve, qui estime à 50% les chances d’une récession en 2008 [4].

De fait, il y a de moins en moins de possibilités d’y échapper. Lors de la crise asiatique et ses suites en Russie et au Brésil, en 1997-98, les capitaux investis dans ces pays avaient fui le tiers-monde pour se réfugier aux Etats-Unis et alimenter la bulle de l’Internet. Grâce à cela, le Nasdaq, la Bourse des valeurs technologiques, avait doublé de valeur en quasiment un an, annonçant sa chute à partir de mars 2000. Entre 1999 et 2002, les ménages américains, du moins ceux qui pouvaient acheter de tels avoirs, ont perdu l’équivalent de 5.000 milliards de dollars d’actifs financiers.

Alan Greenspan a abaissé progressivement les taux d’intérêt directeur, ceux qui influent sur les autres taux, à 1%. Cela devait favoriser les investissements. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Au contraire, la baisse des taux a encouragé l’endettement privé... pour atteindre des records historiques. La dette des particuliers est passée d’environ 100% du revenu disponible des gens en 1999 à 140% en 2006. Les possessions immobilières ont progressé de 11.000 milliards de dollars sur cette période. Elles ont quasi doublé en valeur [5]. Ainsi, elles ont permis de compenser la chute des actifs financiers et assuré une progression constante de la consommation privée (moteur de la croissance économique mondiale depuis le début des années 90). En même temps, elles ont conduit à la bulle immobilière qui éclate aujourd’hui.

Que peut-il se passer ? Outre le ralentissement de l’activité entraînant faillites, fermetures d’entreprises, nouvelles restructurations, pertes d’emploi, la crainte majeure porte sur une dégringolade du dollar. En effet, le déficit commercial américain se monte à 800 milliards de dollars environ. Il ne se résout que par l’arrivée chaque année de 800 milliards de capitaux venant de l’étranger : le monde soutient à bout de bras l’économie américaine qui consomme (enfin, pas les nombreux pauvres d’outre-Atlantique). C’est ce cercle « vertueux » qui menace de s’enrayer. Au détriment de tous, à commencer par les salariés qui risquent de subir les conséquences de ce tournis financier.

Sombre l’avenir ? Sans doute. Mais, en même temps, cette situation offre des possibilités pour celles et ceux qui s’opposent à cette mondialisation capitaliste, débridée. N’a-t-on pas répété que le système allait droit dans le mur ? Aujourd’hui, le mur est là et il est temps de songer à d’autres voies que le capitalisme. Voilà l’enjeu de cette année 2008.

Notes

[1Trends-Tendances, 20 décembre 2007, p.41.

[2La Tribune, 27 août 2007.

[3The Telegraph, 10 décembre 2007. Wall Street est la Bourse de New York.

[4International Herald Tribune, 18 décembre 2007. La Federal Reserve est la banque centrale américaine.

[5Chiffres calculés sur base de Federal Reserve, Flow of Funds Accounts of the United States.


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