Une demande d’essai d’OGM en plein champ a récemment été introduite en Belgique. Il s’agit de peupliers présentant une composition du bois modifiée en vue de produire de la cellulose-éthanol. La mise en essai est prévue pour le printemps 2008 !
Plus aucune demande d’essai d’OGM n’a été introduite en Belgique depuis 2003, et ce du fait d’une procédure d’autorisation plus ferme que dans d’autres états membres. Plusieurs refus avaient été essuyés en 2002 et 2003. Mais voilà que nos vieux démons refont surface, et en force… Car cet essai concerne un OGM « Made in Belgium » (Gand) qui serait installé pour sept années au moins (!), et ce en vue de produire un agro-carburant de seconde génération…
Un danger inacceptable...
Il n’existe pas de législation spécifique aux arbres transgéniques : la procédure d’autorisation pour des essais en champ est similaire à celle de toute autre plante OGM. Mais les habituels risques de dissémination inhérents aux OGM sont, eux, beaucoup plus importants dans le cas des arbres transgéniques, d’une part parce que la culture reste en place plusieurs années, et d’autre part parce que les plantes atteignent un développement beaucoup plus important que les plantes annuelles.
Le risque de dissémination par voie sexuée (pollen, graine) est faible dans le cas qui nous intéresse ; cela est dû au fait que cet essai concerne un taillis à courte révolution (les branches sont coupées après trois ans, avant qu’elles ne puissent fleurir). Mais les peupliers se reproduisent surtout par voie végétative, ce qui signifie qu’un simple morceau de branche ou de racine peut régénérer un arbre entier. Il suffit donc d’un oiseau ou d’un petit rongeur pour voir notre OGM se disséminer dans la nature ! De plus, les chercheurs ont déjà mis en évidence que l’Agrobacterium tumefaciens, utilisé comme vecteur pour introduire le transgène dans une plante, est extrêmement difficile à éradiquer et devient donc un véhicule potentiel pour un transfert génétique non intentionnel vers les organismes du sol ou les animaux, voire l’homme. Ce danger est fortement accru chez les arbres du fait de leur système racinaire extrêmement étendu.
On le voit ici, et l’expérience nous l’a déjà confirmé à maintes reprises, le risque de dissémination est absolument incontrôlable dès qu’on sort du milieu confiné. La mise en place d’essais en plein champ de peupliers OGM représente un danger inacceptable pour les variétés locales de peuplier ainsi que pour la biodiversité en général.
Pour une finalité tout autant inacceptable !
On mesure aujourd’hui les dégâts des agro-carburants de première génération, un temps plébiscités : pression sur le système de production alimentaire, déforestation, intensification à outrance entraînant pollution et appauvrissement des sols… Aujourd’hui, on ne jure que par les agro-carburants de deuxième génération : fini la concurrence avec les productions alimentaires et production plus importante d’énergie à l’hectare.
Mais la concurrence avec le système de production alimentaire est toujours bien présente, la terre étant un moyen de production limité. Plus grave : dans la production d’agro-carburants de seconde génération, la totalité de la plante est exportée de la terre où elle est cultivée ; il n’y a donc aucune restitution de matières carbonées au sol (pailles, déchets verts…), pourtant primordiale pour la structuration du sol. Erosion, inondations, stérilité des sols, pollution des nappes… Cette tendance ne va faire que s’aggraver.
Il faut réagir !
En Belgique, la population est impliquée dans la procédure d’évaluation de chaque demande d’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés. Conformément à l’arrêté royal du 21 février 2005, réglementant la dissémination volontaire dans l’environnement, ainsi que la mise sur le marché d’organismes génétiquement modifiés ou de produits en contenant, une consultation du public est ainsi organisée pendant trente jours.
Tous les citoyens ont donc accès aux diverses données du dossier B/BE/07/V2 et à un formulaire en ligne (HTML). Via ce formulaire, vous pouvez envoyer vos commentaires ou vos questions sur ce dossier jusqu’au 12 janvier 2008.
Nous vous demandons donc de réagir sur ce formulaire, en refusant cet essai s’il est effectué en milieu non confiné.
Pour toute information complémentaire :
Marc FICHERS
Nature & Progrès asbl
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