Cinéma d’ATTAC à l’Arenberg
Jeudi 24 janvier à 21 heures 30
Le jeudi 24 janvier à 21 heures 30 à l’Arenberg,
le Cinéma d’attac présente
HOLLYWOOD-PENTAGONE
60 années de censure dans le cinéma de guerre américain...
Un film-choc d’Emilio PACULL
Dès 20 heures 30, le DÉBAT :
« Comment lutter contre les armes de distraction massive… ? »
avec Jean BRICMONT, professeur à l’UCL,
auteur de L’impérialisme humanitaire (Éditions Aden)…
Le jeudi 24 janvier à 21 heures 30
à l’Arenberg,
le Cinéma d’attac présente
HOLLYWOOD-PENTAGONE
60 années de censure dans le cinéma de guerre américain...
Un film-choc d’Emilio PACULL
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Dès 20 heures 30, le DÉBAT :
« Comment lutter contre les armes de distraction massive… ? »avec Jean BRICMONT,
professeur à l’UCL,
auteur de L’impérialisme humanitaire (Éditions Aden)…
AU GARDE-À-VOUS…
« Les Américains adorent les films de guerre, parce qu’ils opposent les bons et les méchants. Et parce que les bons gagnent à la fin ».
Hollywood-Pentagone d’Emilio Pacull radiographie ainsi plus de soixante ans de cinéma belliciste et y décrypte l’influence stupéfiante du Pentagone sur la culture mondiale –des années 20 à nos jours. C’est confondant. Nourri d’extraits de films-cultes (du Jour le plus long à Top Gun, en passant par Apocalypse Now…), ce documentaire édifiant repose sur une enquête fouillée, qui se regarde comme un film à suspense. Base d’appui : les témoignages irrécusables, déjantés ou accusateurs, d’une kyrielle de réalisateurs, de producteurs, de critiques et d’historiens du Septième art, mais aussi de membres du Pentagone (parmi lesquels Philip Strub, responsable des « Relations avec le cinéma »).
D’un côté donc, la plus grosse industrie cinématographique du monde. De l’autre, la plus grande puissance militaire de tous les temps. C’est peu dire que le cinéma hollywoodien n’a cessé d’entretenir des rapports d’allégeance, de servitude et d’obligations vis-à-vis de l’armée. Une trépidante collaboration qui aura permis aux Américains de produire des films aux budgets gigantesques et à l’efficacité redoutable… En ce sens, Hollywood-Pentagone est un documentaire de salubrité publique puisqu’il compose un formidable flash back sur une association fructueuse allant de la Première Guerre mondiale au conflit irakien – une complicité, révélée ici au grand jour, par des cinéastes, des militaires et des agents attachés aux services spéciaux.
SECRETS. Cinéma US et propagande militaire, les liens secrets ? Hollywood-Pentagone constitue une chronologie rigoureuse étalant les liaisons dangereuses qui unissent, depuis toujours, l’industrie militaire à celle du cinéma. Avec comme point d’orgue, la sponsorisation directe par le Pentagone des films particulièrement « méritants ». Full Metal Jacket (des marines en train de tuer d’autres marines) ? Coopération du Pentagone « absolument refusée ». Apocalyse Now et Platoon ? L’armée a détesté ces films : « Coopération refusée ». Les Rois du désert (où l’on voit un soldat qui vole de l’or à des Irakiens) ? Idem. Par contre, Pearl Harbor, superbe affiche de propagande publicitaire pour l’US Army : « Entière coopération »…
Evidemment, produire un film de guerre est tout sauf une sinécure. Mais si l’on obtient l’aide du Pentagone, la tâche se révélera nettement plus aisée : le réalisateur aura accès à des équipements dernier cri, à l’aide technique d’instructeurs militaires et à la gracieuse fourniture de figurants particulièrement disciplinés (les membres du contingent). Condition préalable à toute collaboration : faire preuve d’autocensure. Il s’agit d’éviter soigneusement les sujets dits « sensibles », par exemple une mutinerie (voir USS Alabama) ou encore l’exécution d’un officier par un autre membre de l’armée (cf. Apocalypse Now). Peu importe la véracité des faits exposés, la qualité d’écriture du scénario. Vous pourriez même avoir, entre les mains, « the » film du siècle, la future Palme d’Or… Non, il est hors de question d’évoquer un thème tabou pour les forces armées. Si, malgré tout, vous vous obstiniez…, votre projet sera immédiatement classé dans la catégorie des « show stoppers », selon le jargon employé par les militaires, et se verra refuser toute aide.
VIETNAM. A l’heure où, en Irak, l’administration Bush s’enfonce dans une défaite irrémédiable (avec, en parallèle, la mobilisation réelle d’acteurs anti-guerre de premier plan tels George Clooney, Matt Damon, Steven Soderbergh ou Sean Penn…), Hollywood-Pentagone nous offre, en travelling, une excellente synthèse des rapports ambivalents qui ont prévalu entre la production hollywoodienne et la géopolitique. Car le réalisateur revient sur « l’interventionnisme » (période pendant laquelle Hollywood s’est mobilisé en faveur d’une intervention militaire en Europe et dans le Pacifique au cours de la Seconde Guerre Mondiale) ainsi que sur l’implication de cinéastes de renom (John Ford, Howard Hawks, Billy Wilder ou encore George Stevens, qui a filmé la libération des camps de concentration).
Surtout, Hollywood-Pentagone s’intéresse à la dégradation des rapports entre le Pentagone et les productions cinématographiques de plus en plus contestataires après l’échec retentissant du conflit au Vietnam. Alors que la réussite passée des troupes américaines (au cours de la Première et Seconde Guerre Mondiale) avait définitivement convaincu l’opinion publique que les Etats-Unis ne s’engageaient que dans des guerres justes, la lutte contre le Vietcong renvoie le peuple américain à son impérialisme agressif. Ainsi, la rupture se fait profonde, dès les années 1970, et s’amplifie au cours des années 1980 avec les succès publics et critiques comme Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino (1978) ou Full Metal Jacket de Stanley Kubrick (1987). REAGANIEN. Une dispute qui prendra fin avec Top Gun « un film reaganien où l’image donnée par Tom Cruise a ravivé, d’une certaine manière, l’affection qui existait à l’état latent entre le Pentagone et Hollywood. Et si le film a eu cet effet là, c’est avant tout parce que Top Gun était une superbe affiche de recrutement pour l’armée », note Jim Hoberman, journaliste au Village voice. Une sorte de retour aux sources quand un certain cinéma « aux ordres » avait le don d’embobiner la jeunesse patriote.
L’absolu mérite de l’excellent Hollywood-Pentagone ? Revenir sur cette étrange association, où viennent s’étaler les bénéfices réciproques engendrés par l’enthousiasme pour les valeurs martiales et la glorification des héros de l’Amérique. Commentaire d’actualité, du journaliste David L. Robb : « Je me demande combien de gamins se sont engagés pour le Vietnam ou pour l’Irak après avoir vu ce genre de superproductions »…
Jean FLINKER
Cinéma ARENBERG (26 Galerie de la Reine)
FRANCE 2007 Durée : 90 minutes Prix d’entrée : 6,6 euros y compris pour le débat (sauf les Article 27)