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Première université d’été d’Attac Europe

Pour une alternative à cette Europe de la flexicurité

Séminaire Flexicurité et démantèlement social en Europe

Au terme de ce séminaire sur la flexicurité et le démantèlement social en Europe, nous nous sommes mis d’accord sur un programme de revendications et d’actions, qui constitue avant tout un point de départ pour de futures collaborations. Il pourra être remis en cause, amélioré, complété en d’autres occasions.


Revendications communes

1. L’emploi à temps plein, à durée indéterminée et rémunéré décemment (ce qui signifie : permettant de vivre) est le contrat type qui devrait être promu au sein de l’Union européenne dans le cadre d’une politique d’emploi. Il se peut que, pour des exigences techniques, sociales ou souhaitées explicitement par le salarié, il faille adopter des dispositions plus souples. Mais celles-ci doivent constituer clairement l’exception et non la règle.

2. Nous sommes favorables à une vaste réduction du temps de travail (RTT). La flexibilité imposée actuellement par le patronat correspond, en fait, à une telle diminution, mais payée et/ou supportée par le salarié. Face aux dernières expériences qui ont allié, elles aussi flexibilité et RTT, nous mettons plusieurs conditions à une telle mesure :

- qu’elle soit suffisamment importante pour permettre une création d’emploi : 35, 32 ou 30 heures suivant la situation des pays ; mais convergence vers le niveau le plus bas à terme ;

- qu’elle se réalise sans baisse de salaire et de pouvoir d’achat pour les salariés (au moins pour les revenus bas et moyens) ;

- qu’elle ne soit pas accompagnée d’un surcroît de flexibilité, accordée « en compensation » pour les entreprises.

3. Nous sommes pour la défense et la promotion d’un service public fort et étendu. Sur ce point, nous insistons pour un renouvellement complet des pratiques des entreprises publiques :

- le service public doit avoir comme objectif premier et explicite d’assurer la satisfaction de besoins sociaux pour la population, en particulier pour les moins favorisés ;

- il doit y avoir un contrôle démocratique sur le fonctionnement de celui-ci, notamment à travers les organisations syndicales.

4. Le concept de sécurité sociale professionnelle, permettant au salarié de conserver ses droits sociaux et ses conditions salariales antérieures lorsqu’il change d’entreprise, nous paraît intéressant. Il constitue une piste sur lequel nous aimerions réfléchir pour en tirer tous les avantages et inconvénients.

5. La flexibilité imposée par le patronat européen et promu par les instances européennes (et nationales) nous semble inacceptable. Seulement, il existe des cas ou des situations où le salarié aimerait pouvoir aménager son temps de labeur ou son occupation professionnelle dans le but de mieux vivre, de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Il nous faudra réfléchir sur la manière de poser des revendications justes et réfléchies pour rencontrer ces demandes légitimes.

6. Nous sommes pour le maintien, voire le renforcement, des systèmes de sécurité sociale existants. Si quelqu’un n’a pas d’emploi, il doit pouvoir bénéficier d’allocations de remplacement. Ajouter des conditions, par exemple en matière de recherche d’emploi, profite essentiellement aux chefs d’entreprise. Il faut, par ailleurs, que les personnes qui n’ont pu trouver autre chose que des contrats précaires (partiel, temporaires...) conservent tous leurs droits à une sécurité sociale et que les personnes exclues actuellement du système (jeunes sans revenu, femmes chassées du chômage, sans papier...) soient réintégrées, en leur offrant une régularisation de leur situation.

7. Nous sommes partisans d’une politique macroéconomique qui se fixe comme priorité le plein-emploi, mais tel qu’il est défini au point 1 et non selon la volonté du patronat et de la Commission, à savoir comme résultante d’une compétitivité accrue.

8. Nous désirons une politique fiscale redistributive à l’échelle européenne pour réaliser de telles politiques de l’emploi.

Un programme d’action commune

Suite à ce séminaire, nous nous sommes fixé comme but de poursuivre la réflexion, l’échange d’idées et la solidarité entre nos différentes luttes nationales. En particulier, nous avons convenu des points suivants.

1. Nous mettons les interventions et conclusions du séminaire sur un site Internet. Nous l’alimenterons régulièrement de contributions, de documents, de références... Pour l’instant, nous proposons d’utiliser le site d’Attac Bruxelles dont une partie est consacrée à la flexicurité.

2. Nous voulons développer l’échange d’expériences à la fois sur les luttes organisées dans les différentes régions d’Europe ou sur des types de formation réussie ou sur bien d’autres choses.

3. Nous tenons à continuer la réflexion pratique et théorique sur ce sujet essentiel de l’avenir social du continent. Il peut être adéquat de former un groupe de travail qui va poursuivre les recherches, à partir d’initiatives personnelles ou de propositions venant des participants au séminaire.

4. En tout premier lieu, nous voulons assurer la promotion et la solidarité à l’échelle européenne des luttes qui ont lieu contre la flexicurité, en assurant un suivi régulier de celles-ci, par la rédaction de communiqués de soutien, voire de visites aux grévistes.

5. A terme, nous aimerions parvenir à définir des campagnes communes au niveau européen qui permettront d’avancer plus vite et de faire progresser la cause sociale en Europe.

6. Dans ce cadre, nous rappelons l’importance capitale de travailler en collaboration des syndicats, organisations de masse des salariés, les alliés les plus importants de notre combat.

7. Attac Bruxelles propose de tenir en mars 2009, à l’occasion du sommet européen de printemps chargé de discuter de l’avancement du processus de Lisbonne, une conférence sur le thème de l’Europe sociale avec des partenaires syndicaux et européens. Cela peut être l’occasion aussi de tenir par ailleurs une réunion avec les participants du séminaire pour approfondir les collaborations et les conclusions ci-dessus.


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