Le 1er mai 2003, le président américain Georges W Bush annonce la fin de la guerre en Irak. La fin ? Depuis lors, les troupes d’invasion et d’occupation ont connu davantage de morts que durant le conflit proprement dit.
C’est que la population irakienne n’accepte pas cette « libération » de Washington et elle ne se laisse pas faire. Elle résiste.
Dans nos médias, cela transparaît souvent sous la forme d’attentats suicides. Vu d’Occident, cette méthode est difficile à comprendre : sacrifier sa vie pour la cause nationale, voire religieuse. Pourquoi ?
Le livre de Mohamed Hassan et de David Pestieau, L’Irak face à l’occupation, tente de donner un aperçu et une explication de cette résistance. Certainement une occasion de mieux comprendre le monde dans lequel on vit.
Mohamed Hassan et David Pestieau, L’Irak face à l’occupation, éditions EPO, Bruxelles, mai 2004, 192 pages, 15 euros
Voici un petit livre tonique. S’il détaille les supplices dont l’Irak est victime depuis bientôt quinze ans, son propos est surtout la résistance des Irakiens à l’occupation de leur pays. Un sujet sur lequel, en général, nous sommes mal informés ou même pas du tout.
Le 1er mai 2003, le président George W. Bush annonçait que la guerre en Irak était définitivement terminée. C’était mal connaître les Irakiens. Difficile en effet d’imaginer qu’un peuple qui se targue de 7.000 ans de civilisation puisse accepter sans broncher une occupation étrangère. Déjà en 1920, à peine deux ans après l’imposition du protectorat britannique (suite à la Première Guerre mondiale), la révolte éclata. Ce sera d’ailleurs l’occasion pour l’armée britannique d’expérimenter l’utilisation de gaz toxiques à partir d’avions de combat - une première dans l’histoire. L’homme qui a autorisé ces attaques sur une population civile, Winston Churchill, a déclaré, « Je suis partisan de l’emploi de gaz toxiques contre les tribus barbares » . A l’époque, l’enjeu était déjà le pétrole. Un double bras de fer s’engage alors : feutré entre la Grande Bretagne et les Etats-Unis, violent entre ces deux puissances et la population irakienne.
Un chapitre très intéressant raconte l’histoire du pays au XXème siècle sous l’angle des racines de la résistance actuelle : l’émergence du nationalisme arabe, le rôle du mouvement ouvrier, la question nationale kurde (habilement exploitée par les grandes puissances et les pays voisins), la chute de la monarchie et l’arrivée au pouvoir du parti baath, qui, malgré ses faiblesses - pensons à la chute rapide de Bagdad - est au coeur de la résistance actuelle selon les auteurs. Ceux-ci analysent toutes les forces en présence. D’abord celles de l’occupation, les personnages clés de l’Autorité Provisoire de la Coalition , avec à sa tête Paul Bremer. Puis ceux du « Conseil de gouvernement » , ces exilés rentrés au pays dans les valises de l’armée américaine. Pour ne pas parler des différentes multinationales qui font leur beurre en « reconstruisant » le pays. Evidemment, c’est connu : on en trouve également des extraits dans le livre « Mourir pour MacDo », publié aux éditions Aden. Mais il est bon d’en faire le rappel en quelques pages.
Ce qui est nouveau, par contre, est le portrait des diverses forces qui composent la résistance, moins divisée que ce que l’on pourrait croire. Au contraire, l’image qui ressort du livre est celle d’une nation qui lutte pour sa survie, au-delà justement des divisions entre sunnites et chiites, entre musulmans et chrétiens, entre arabes et kurdes...
Finalement, et cela ne gâche rien, l’ouvrage est clair et éminemment accessible au non-spécialiste.
Mohamed Hassan et David Pestieau, L’Irak face à l’occupation, éditions EPO, Bruxelles, mai 2004, 192 pages, 15 euros
Et :
Mourir pour MacDo en Irak
Colonisation américaine, résistance irakienne
éditions Aden, Bruxelles, 2004, 160 pages, 11 euros.
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