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Non aux fabriques de désespérances, ici versus fièvre aviaire

C’est dans de nombreux secteurs que notre état fabrique des désespérances et des désespérés


Non aux fabriques de désespérance, ici versus fièvre aviaire

Inspiré du fait qu’une famille de sans abri a été amenée un soir de décembre 2005 par les autorités à l’Eglise St Boniface qui prêtait ses murs à une centaine de sans papier depuis deux mois. Il n’y avait pas ce soir-là de place dans les maisons d’accueil. L’enfant avait 5 ou 6 ans. Dans l’Eglise, ils ont fait de la place.
Sur ce, certains dirent : « les chants désespérés sont les chants les plus beaux ». Ca se discute...
Notons que c’est dans de nombreux secteurs que notre état fabrique des désespérances et des désespérés.
On pousse les hauts cris aux JT lorsque meurent les sans abris mais cette société conduit de nombreuses personnes à la faillite et aux triomphes des plus forts et des de plus en plus grosses sociétés.
Il semble(rait ?) que tout ce qui est petit doit ou peut disparaître.
Ex : la "peste" aviaire...
Devant tant de matraquage pour chaque poulet ou canard trouvé mort - soi-disant puisqu’on nous a déjà tant menti sur d’autres choses, à commencer par les morts d’hommes pour mettre les choses dans leur ordre d’importance -, mort donc un poulet ou un canard que nous n’irons pas voir, à l’autre bout du monde, de préférence dans un pays à isoler ...
devant ce matraquage, ce défilé d’hommes en blanc, en gants blancs, masques blancs, plastique blanc, d’éprouvettes, de sacs poubelles (blancs) qu’on rempli(rait) de poulets (blancs) morts pour impressionner et dégoûter les gens...
Grâce à ce matraquage donc d’images visant à semer la panique, le (les) résultat(s) sont largement atteints. Atteints, oui, mais pas matraqués, eux, pas répandus en tant qu’objectifs atteints, en tant que résultats des moyens mis en oeuvre sur les écrans, les ondes et les écrits. Ainsi, début décembre déjà, on constatait la baisse du prix de vente d’au moins 1/3 chez le producteur (pas chez le consommateur). Aujourd’hui, fin décembre, « on ne vend plus », disent les petits commerçants. Demandez leur, sur le marché, si vous vous y rendez, vous constaterez...
On publie dans les pages économiques du journal Le Soir des 3-4/12/2006 en rubrique"air du temps" :"les gens sont comme ça : ils ne sont pas raisonnables » et en conseil boursier de la même rubrique "à éviter ? les sociétés qui ont un lien à la volaille"..." a acheter ? C’est tout simple : Bacou Dalloz, le leader mondial des équipements de protection individuelle. Ce titre a déjà gagné près de 25 % depuis le début de l’année."

On insinue donc que le consommateur est réactif mal à propos. Mais qui l’a voulu ce « mal à propos » ? Qui l’a provoqué, qui a fait, diffusé les images et ajouté des commentaires ? A l’avantage de qui ? Qui en profite ? Qui finance et possède les médias ?
Quels sont les résultats : désintérêt pour les volailles, ne peuvent encaisser ces crises (absence de ventes) que les plus gros producteurs qui ont des réserves financières permettant de patienter pendant la crise. Les prix baissent (ce qui bénéficie aux gros négociants mais que les consommateurs ne voient pas aux prix dans les étals. A plus long terme, à part les poulets qu’on élimine par régions ou par pays, disparaissent également les petits éleveurs, on dégraisse le marché, on réduit la concurrence et les productions labellisées, handicap au grand profit et à la production hyper standardisée (les poulets labels doivent pouvoir sortir des hangars), fermer les marchés aux importations asiatiques et pays voisins. Une fois dépourvus de leurs petites productions destinées à l’usage domestique, les populations démunies seront dépendantes à coup sûr d’un approvisionnement extérieur, donc ce la grande production et commercialisation internationale, logiquement.
On ne connaît pas toutes les retombées des actualités médiatico-économiques, on ne peut que constater et vaguement imaginer des stratégies qui ne font pas partie de nos esprits, de nos formations et encore moins de celles des consommateurs médiatiques.
On sert en effet au grand public de belles et grandes intentions de « transparence », de « décodage de l’info », de « plus près du grand public ». Mais les vraies tactiques du « plus près de l’acheteur », ont toujours une ou deux longueurs d’avance, elles s’affinent sans cesse pour mieux le circonscrire.

En cette fin décembre, on annonce que le spectre s’éloigne, que le danger attendu n’est pas advenu, que l’on va sans doute relâcher la pression, on va libérer les volailles enfermées depuis.... des mois. Les objectifs sont-ils atteints ?... A moins qu’il s’agisse d’une trêve des confiseurs pour pouvoir vendre les dindes à Noël ? On verra la suite.

Mais, attention ! Que les éleveurs de tous poils ne croient pas être quitte de toute panique ! En même temps qu’on lâche la pédale de pression sur les bêtes à plumes, on ressort le spectre d’une vache folle sur France 2, en ce début décembre exempt de mort aviaire. Surtout, ne craignez rien, vous ne verrez pas la vache, on enlèvera le troupeau de nuit, on certifie qu’« il sera bien abattu ». Il est impossible de voir une vache folle. Exceptée celle de la télé sur images jaunies, toujours la même, qui glisse et titube sur ces maigres pattes, avez-vous jamais rencontré quelqu’un qui ait vu une vache folle ? On nous a dit pourtant qu’on en avait trouvé et brûlé des milliers (160.000) en Angleterre !!!
Il a été clairement dit (mais confidentiellement) à l’époque qu’il s’agissait d’une crise de « surproduction » et non pas d’une crise de qualité de l’alimentation (farines animales).
Faut-il à nouveau faire baisser les prix du bœuf ? Chez le producteur, bien sûr, pas chez vous, consommateur qui n’avez rien vu et ne verrez toujours rien.
Les prix du bœuf seraient-ils trop remontés, depuis la si bien réussie « crise » précédente ?

Rappelons qu’on n’a pas prouvé la transmission de l’encéphalite (ESB) de l’animal à l’homme mais qu’on ne l’a écrit que plus ou moins confidentiellement (Le Soir) à la fin de la crise qu’on avait menée de main de maîtres pendant de longs mois. Ce fut si discret qu’il est fort probable que cette vérité vous a échappé, lecteurs pourtant critiques de pays à la pointe démocratique ! Il est invraissembable que l’on ait fait tout ce tapage sans raison. Si on évalue les moyens déployés, on ne peut croire qu’il s’agisse d’un manque d’information de la part de ceux qui ont agi. D’ailleurs un quidam qui répercuta l’information de non transmission dans un courrier des lecteurs, se vit menacé la semaine suivante par un autre « lecteur » de se voir inoculer le virus ! Sympa !

Si on a tant fait de bruit d’une part pour créer la psychose, en a t’on fait autant sur les déboires humains qu’on a provoqués ? A t’on vu, montré chez les producteurs, la panique, la détresse, les déprimes des pauvres gens obligés d’entasser, liquider ou détruire leur production ? Non bien sûr !
Des fondations financent des organisations (ex : Agrical) chargées de parer aux dégats en créant des centres de soutien psychologique aux agriculteurs potentiellement désespérés, avec stand dans les foires agricoles qui se recycleront plus tard en « franc-(h)or(s)-champs ». Tout est prévu, sauf le recyclage en sans abri.
On n’explique jamais comment on fabrique des chômeurs et, si pas des sans abris, du moins des désespoirs et des désespérés. Ceci n’est qu’un exemple sectoriel. Il revient à chacun de parler haut et fort de ce qu’il connaît pour éviter le règne de l’impunité médiatique dans laquelle agissent avec efficacité les stratèges économico-communicateurs. Ils exercent habilement sur les cerveaux de ceux qui avalent leurs assortiments d’infos présentés selon les jours et les contrées avec sourire large ou en coin, décolletés variables ou cravate aux couleurs d’appartenance, ton enjoué, dramatique ou monocorde... Ils finissent par former une élite médiatico-économique sans scrupule concernant les fondements et les conséquences de leur dires.

Il est joli de dire que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Mais ces mots ne sortent pas de la bouche des désespérés eux-mêmes. Ils viennent d’observateurs à l’inspiration poético-optimiste. Alors, même si nous restons optimistes, disons qu’il y a divers niveaux ou types de désespoir et que nous ne pouvons les accepter.

Annick Ferauge - décembre 2005
Début janvier : la fièvre (aviaire) a repris : « trois morts en Turquie, l’Iran (encore lui ?) pense à se protéger »...


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